Opinion de Marco Rubio, Miami Herald
Lors du Sommet des Amériques de ce mois-ci, les nations se sont ralliées à la poursuite d’un hémisphère occidental plus fort et plus sûr. Mais un voisin — Haïti — est au bord de l’effondrement total. À moins que l’administration Biden n’agisse bientôt, les belles paroles et déclarations du sommet seront éclipsées par une catastrophe humanitaire à moins de 1000 km des côtes de la Floride.
Haïti est aux prises avec des défis politiques, économiques et environnementaux depuis longtemps. Mais les événements récents ont plongé l’île dans une crise. En 2020, la pandémie a mis les institutions nationales à rude épreuve. L’année dernière, en juillet, des mercenaires ont assassiné le président d’Haïti, Jovenel Moïse, semant le chaos politique. Et le mois suivant, un énorme tremblement de terre a tué plus de 2 000 personnes et a détruit des milliers de bâtiments.
Les choses n’ont fait qu’empirer depuis. L’économie nationale d’Haïti est la plus petite de la région et ne croîtra que de 0,3 % cette année, mais elle fait face à une inflation de 25 %. Les taux de mortalité restent extraordinairement élevés, tant pour les bébés que pour les adultes. Pendant ce temps, la violence incontrôlable des gangs détruit les collectivités, force les entreprises à fermer leurs portes et fait peur aux investissements étrangers. Et en plus de tout cela, le gouvernement intérimaire d’Haïti ne tient qu’à un fil, sans élections officielles en vue.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est la recette du désastre. Lorsque l’armée haïtienne a pris le pouvoir du gouvernement en 1991, des dizaines de milliers d’Haïtiens se sont enfuis aux États-Unis. Et le tremblement de terre de 2010 qui a tué plus de 200000 Haïtiens a déplacé 1,5 million de plus, dont beaucoup, encore une fois, ont fui en Amérique pour se réfugier. Cette fois, l’île a été doublement affaiblie par des troubles politiques et une catastrophe naturelle. Notre pays est déjà submergé par les passages illégaux à la frontière; un autre effondrement en Haïti, suivi par des vagues de migration, serait un véritable problème.
Le président Biden et son administration n’ont pas accordé à la situation l’attention qu’elle mérite. Le programme de financement récemment annoncé par l’USAID semble bon à première vue, mais aucun de ces fonds ne fera de différence à moins que des problèmes plus importants ne soient résolus. Si Biden veut le meilleur pour les États-Unis et Haïti, il ne peut plus se permettre de rester sur la touche. Il doit plutôt se rendre sur le terrain et commencer à jouer au ballon.
Cela signifie suivre les conseils que le sénateur américain Raphael Warnock, D-Georgia, et moi avons donnés à l’administration pour renforcer la police nationale d’Haïti dans la lutte contre les gangs criminels. Cela signifie être ouvert à une nouvelle mission de maintien de la paix de l’ONU. Cela signifie accroître l’investissement de la Banque interaméricaine de développement dans les infrastructures haïtiennes. Et cela signifie établir des liens économiques plus étroits entre notre pays et Haïti, comme le ferait ma Loi sur la prolongation du Programme de relèvement économique en Haïti en garantissant des emplois et des avantages commerciaux pour l’industrie textile d’Haïti.
Pendant ce temps, le président doit signaler que les États-Unis ne sont pas ouverts à l’immigration illégale. Encourager un autre exode d’Haïti n’aiderait pas l’île, qui a besoin de tous les talents et ressources qu’elle peut obtenir, ni les citoyens américains. Au lieu de cela, Biden devrait encourager la stabilité politique et des élections crédibles qui ouvriront la voie à la gouvernabilité et à la prospérité pour les Haïtiens dans leur propre pays.
Les prochains mois seront difficiles pour Haïti, mais ils n’ont pas à être désastreux pour toute la région. Le sort d’Haïti est principalement entre les mains de son propre peuple. Les États-Unis devraient cependant faire tout ce qu’ils peuvent pour aider l’île à atteindre une plus grande sécurité, stabilité et prospérité. Les Haïtiens et les Américains en tireraient de grands avantages.
Le sénateur Marco Rubio est le sénateur américain principal de la Floride.
traduction : TRiboLAND.com
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