Lettre de Victor Hugo aux noirs d’Haiti

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Hauteville house, 28 déc. 1859

A Messieurs PROSPER ELIE, J. PAUL aîné & L. AUDAIN. – Paris

Citoyens de la République universelle,
Le remerciement que vous m’adressez en termes si éloquents me va au cœur.
J’ai fait mon devoir, et je n’ai fait que mon devoir. Vous ne m’en récompensez pas moins. Aussi, est-ce moi qui vous remercie.
République blanche et république noire sont sœurs, de même que l’homme noir et l’homme blanc sont frères. Il n’y a qu’une humanité, car il n’y a qu’un Dieu.
La République française, cette initiatrice du monde avait des nègres parmi ses représentants du peuple ; et c’est là une des choses qui l’ont faite grande entre toutes.
Cette fraternité des races, les États du Sud de l’Union américaine, l’ont méconnue. En tuant Brown, ils ont commis un crime qui prendra place parmi les calamités de l’histoire. La rupture de l’Union suivra fatalement l’assassinat de Brown.
Quel attentat, et quel désastre !
J’ai l’affliction dans l’âme en pensant à ce crime, et à cette faute !
Quant à John Brown, il était apôtre, il était héros. Le gibet n’a fait qu’agrandir sa couronne. Le voilà martyr.
Blancs et Noirs, tous frères, tous égaux, serrons-nous plus que jamais autour du principe des principes : LIBERTE.

Votre ami
(Signé) VICTOR HUGO

J’aime votre noble république ; j’aime votre pays. Dites-le lui.

par Léon François HOFFMANN

publié initialement dans Nineteenth-Century French Studies n°16, 1-2, 1987-1988, p. 47-58 porte un excellent éclairage et une mise en contexte très documentée de la lettre adressée par Victor Hugo à M. Exilien HEURTELOU Directeur du quotidien haïtien Le PROGRES :http://www.deslettres.fr/la-meme-flamme-est-dans-lhomme-deux-lettres-pour-commemorer-labolition-de-lesclavage/

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