C’est autour du thème “Agriculture en Haïti, pour quoi, par qui et comment” que plusieurs centaines de membres d’organisations des planteurs de Cabaret de la première section communale Lacoma de Jean Rabel ont célébré la journée du Premier Mai, lors d’une grande activité commémorative. Réalisé sur le patronage des ONG PROTOS, HEIFER international, Action Contre la Faim et ODRINO, et en présence du Directeur départemental du ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural, l’agronome Kerly Peutidier, ce grand rassemblement devait au prime à bord symboliser l’union entre les membres de différentes associations de base de la communauté de Cabaret, mais également poser les grands défis à relever pour la relance effective de l’agriculture dans le Nord’Ouest en général.
selon l’agronome Déroy, chargé de programme de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) au sein de l’organisation non gouvernementale belge PROTOS, l’un des conférenciers du jour, la mauvaise gestion de l’eau en Haïti est l’une des menaces flagrantes de l’agriculture dans le Nord’Ouest notamment, par le fait du faible investissement en infrastructures de maîtrise des eaux pluviales et par des méthodes d’irrigation inadaptées à la situation locale. De plus, le changement climatique et le déboisement qui limitent l’infiltration des eaux et pertube le cycle de l’eau, ont chaviré l’ordre des saisons de plantation dans la région du bas Nord’Ouest. C’est pourquoi le spécialiste en gestion de l’eau propose de cultiver des plantes à cycle court et résistantes à la sécheresse comme le sorgho (petit mil) par exemple. Ces pratiques auront pour effet de réussir au moins une campagne de production, en dépit de l’insuffisance de l’eau du fait de la faible pluviométrie de la région, d’après l’agronome Jean Jacques Tiléon travaillant pour le compte du conseil national de sécurité alimentaire (CNSA).
Suivant les grandes finalités de la politique agricole de l’État haïtien pendant ces dernières années, l’État est appelé à garantir la sécurité alimentaire et à renforcer de l’économie en Haïti, selon l’agronome Kerly Petit Dieu, directeur départemental de MARND/NO, qui faisait partie du panel animant la conférence-débat de la journée. En ce sens environ une dizaine plans stratégiques de développement agricole ont été respectivement définis par des gouvernements en vue de promouvoir la production agricole notamment. Malheureusement, aucun de ces plans n’arrive à atteindre leurs finalités, alors que le département du Nord’Ouest comme d’autres région du pays continue de sombrer dans l’insécurité alimentaire chronique. Chaque année, le Nord’Ouest est placé en tête de liste des régions du pays souffrant d’insécurité alimentaire chronique.
La célébration de la journée du premier Mai à Cabaret a été aussi l’occasion pour les représentants des ONG PROTOS, ACF, HEIFER et ODRINO d’annoncer le programme de securite alimentaire et nutritionnelle qui se réalisera dans le département du Nord’Ouest et le Haut Artibonite. Spécifiquement ces acteurs ont présenté le projet “Gestion Intégrée des Ressources en Eau pour la sécurité Alimentaire et Nutritionnelle et la Protection Sociale des trois bassins versants de la zone hydrographique de Môle St-Nicolas/Moustiques. Ce projet financé dans le cadre du 11e FED par l’Union Européenne à travers le Bureau de l’ordonnateur national (BON), a un budget de l’ordre de 5.8 millions euros et doit contribuer à l’amélioration durable de la sécurité alimentaire et nutritionnelle d’une partie des communes de Jean Rabel, Port de Paix et Baszin Bleu. Par rapport aux problèmes auxquels PROTOS doit aborder selon les volets d’activité qui sont en autre, la Gestion intégrée de ressources en Eau, la gestion sociale de l’eau et l’activité transversale (genre, gouvernance), des résultats probants sont attendus, d’après le chargé de programme de cette ONG, l’agronome Déroy Julien. ” Au terme de ce projet, le bailleur et l’État haïtien attendent que la gouvernance de la sécurité alimentaire et nutritionnelle soit améliorée par le renforcement et l’implication des autorités et par le partage de leçons. Parallèlement, la diminution de la vulnérabilité alimentaire par un dispositif de protection sociale efficace et durable…, est également l’un des résultats escompté “, a déclaré l’agronome Déroy Julien.
En ce sens, l’ONG se chargeant d’exécuter ce projet est appelée à réaliser des travaux d’aménagement en amont des bassins versants suivant une approche GIRE. Tenant compte de la nécessité de répondre aux problèmes de sécheresse de la zone, les interventions se porteront également sur la réhabilitation des systèmes d’irrigation dans les plaines des Moustique, cabaret (BV Denisse) et Lacoma, selon les précisions M. Merisier Sadrack ing. d’ODRINO. Les membres des organisations de planteurs de Cabaret ont plaidé en faveur d’une évaluation au terme de la réalisation des projets du programme 11e FED par l’État haïtien, en vue de vérifier si effectivement les objectifs fixés sont atteints. Car, ils estiment que très souvent l’État nepas réellement le contrôle des ONG qui œuvrent sur le terrain.
Marc Edy Ossam, Triboland
