Niger : Le peuple nigérien «va dicter» à la France la forme de leurs futures relations, selon Tchiani

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par Al-Manar

«Le peuple nigérien va désormais dicter la forme des futures relations avec la France», a affirmé le général Abdourahamane Tchiani samedi 31 septembre au soir dans deux interviews en langues locales, une en djerma, l’autre en haoussa, à la télévision nationale, Tele Sahel.

Ces propos ont été tenus une semaine après l’annonce par le président français du départ de l’ambassadeur à Niamey, Sylvain Itté, rentré à Paris le 27 septembre, et de celui «d’ici la fin de l’année» des quelque 1500 militaires que compte la France au Niger, dans le cadre de la lutte antitakfiriste.

Le régime nigérien avait ordonné l’expulsion du diplomate et dénoncé des accords de coopération militaire avec Paris, répétant vouloir le retrait des troupes françaises.

«Nous sommes dans les préparatifs en vue de leur départ», a affirmé le général Tchiani.

Le régime militaire est engagé dans un bras de fer avec la France depuis le coup d’État du 26 juillet qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, allié de l’ex-puissance coloniale. Celle-ci ne reconnaît pas les nouvelles autorités du Niger.

Les Français «n’ont pas chassé les terroristes»

«Comme ils (les Français) étaient là pour combattre le terrorisme et qu’ils ont unilatéralement arrêté toute coopération (…) leur séjour au Niger est arrivé à son terme», a déclaré Abdourahamane Tchiani.

«Ils ont dit qu’ils étaient venus pour aider à éradiquer le terrorisme. Non seulement ils n’ont pas chassé les terroristes mais les terroristes sont de plus en plus nombreux» a-t-il déploré.

Le pays est miné à l’ouest et au sud-est par des attaques takfiristes récurrentes, perpétrées par des groupes liés à Al-Qaïda et à Daech.

De son côté, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu a estimé la veille que «le Sahel risqu(ait) de s’effondrer sur lui-même», suite au départ des soldats français du Mali et du Burkina Faso – également dirigés par des militaires – et bientôt du Niger.

«Nous avons été une solution pour la sécurité du Sahel», a-t-il défendu.

Le général Tchiani a justifié une nouvelle fois le coup d’État par les attaques takfiristes.

Le «pays risqu(ait) un jour de disparaître, nous avons alors décidé de prendre des mesures puisque les gens (au pouvoir sous Bazoum) n’écoutaient pas leurs conseillers militaires» a-t-il déclaré.

La France, par ailleurs, «n’est pas le seul pays avec lequel nous avons des relations culturelles», a-t-il ajouté, en réaction à la suspension de la délivrance de visas par Paris depuis le Niger, le Burkina Faso et le Mali.

Le problème «n’est pas la démocratie»

«Nous n’avons pas le droit de passer cinq ans au pouvoir, il faut être élu pour cela», a-t-il également assuré samedi soir, quelques semaines après avoir annoncé une transition de trois ans maximum.

Selon Tchiani «le problème ce n’est pas la démocratie, parfois ce sont les personnalités élues qui tordent le cou aux textes pour n’en faire qu’à leur tête».

Il a également justifié le coup d’État par «la dilapidation des deniers publics» par les anciens dirigeants.

Les militaires avaient annoncé à ce sujet la création d’une commission de lutte contre la corruption.

Tchiani a rappelé la mise en place d’un «dialogue national» pour écrire de nouveaux textes régissant la vie politique nigérienne.

Depuis le coup d’État, le Niger fait l’objet de sanctions politiques et économiques de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui a menacé le pays d’une intervention armée.

Selon le général Tchiani, cette organisation «n’a même pas cherché» à «connaître les raisons» du coup d’État. Il déplore que «les populations souffrent de l’embargo».

Fustigé par des pays occidentaux et africains, le régime nigérien s’est trouvé de nouveaux alliés, le Mali et le Burkina.

Tiani a rappelé avoir créé avec eux une coopération de défense, l’Alliance des États du Sahel (AES), précisant qu’«un accord économique viendra(it) ensuite».

Bazoum, séquestré depuis le coup d’État dans sa résidence présidentielle, et à qui Emmanuel Macron a réaffirmé son soutien, a saisi la Cour de justice de la CEDEAO pour sa libération.

source : Al-Manar

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