Découvertes extraordinaires

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par Franck Pengam

Je vous propose ici un voyage. Un voyage qui va nous emmener loin des nouvelles géopolitique souvent difficiles et stressantes. Ne gardons cette fois que le «Géo» de Géopolitique et nous voilà atterris dans la forêt amazonienne.

Des archéologues ont découvert un ensemble de cités perdues dans la forêt amazonienne équatorienne, qui abritaient au moins 10 000 agriculteurs il y a environ 2000 ans. Ces découvertes, révélées grâce à la technologie de cartographie par capteurs laser, mettent en lumière un réseau dense d’établissements et de voies de communication enfouis dans les contreforts forestiers des Andes, ayant perduré pendant environ 1000 ans

Ces sites, composés de monticules de terre et de routes enfouies, avaient été repérés il y a plus de vingt ans par l’archéologue Stéphen Rostain, mais leur véritable ampleur et interconnexion n’ont été révélées que récemment. Rostain, qui dirige les investigations au Centre National de la Recherche Scientifique en France, décrit cette découverte comme une «vallée perdue de cités», soulignant son caractère exceptionnel. 

Les établissements étaient occupés par le peuple Upano entre environ 500 av. J.-C. et 300 à 600 ap. J.-C., une période à peu près contemporaine de l’Empire romain en Europe. Les bâtiments résidentiels et cérémoniels, érigés sur plus de 6000 monticules de terre, étaient entourés de champs agricoles avec des canaux de drainage. Les plus grandes routes mesuraient 33 pieds de large et s’étendaient sur 6 à 12 miles. 

Bien qu’il soit difficile d’estimer les populations, le site abritait au moins 10 000 habitants, et peut-être jusqu’à 15 000 ou 30 000 à son apogée, selon l’archéologue Antoine Dorison, co-auteur de l’étude. Cette population est comparable à celle de Londres à l’époque romaine, alors la plus grande ville de Grande-Bretagne. 

Cette découverte démontre une occupation très dense et une société extrêmement complexe dans la région. Michael Heckenberger, archéologue à l’Université de Floride qui n’a pas participé à l’étude, souligne que pour la région, cette découverte est vraiment unique en termes de précocité. 

José Iriarte, archéologue à l’Université d’Exeter, note qu’il aurait fallu un système de travail organisé élaboré pour construire les routes et les milliers de monticules de terre. Contrairement aux Incas et aux Mayas qui construisaient avec de la pierre, les peuples de l’Amazonie n’avaient généralement pas de pierre disponible pour construire – ils construisaient avec de la boue, ce qui représentait néanmoins une quantité immense de travail. 

Cette découverte remet en question l’idée courante de l’Amazonie comme une «nature vierge» habitée uniquement par de petits groupes de personnes. Des découvertes récentes ont révélé des sociétés complexes de la forêt tropicale qui préexistaient au contact européen ailleurs dans l’Amazonie, notamment en Bolivie et au Brésil. Rostain souligne qu’il y a toujours eu une incroyable diversité de peuples et d’établissements dans l’Amazonie, et pas seulement une seule manière de vivre. Ces nouvelles informations nous aident à en apprendre davantage sur eux.

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