Hommage à Alexandre Pétion à Buenos Aires, convoqué par l’ambassadeur haïtien Vilbert Belizaire

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Par Pablo Sartirana

Devant les autorités du gouvernement argentin, les représentants du corps diplomatique, les collectivités latino-américaines et les représentants de la communauté haïtienne en Argentine, l’Ambassadeur de la République d’Haïti, Vilbert Belizaire, accompagné de son épouse, ont dirigé l’hommage au président Alexandre Pétion. Les ministres conseillers Olga Ducasse, Jean-Claude Cenatus et Edwin Ceyi étaient présents pour organiser l’acte institutionnel. Victor Ramos, président du Club des Amis d’Haïti et titulaire de la Fondation Patria Grande, a ensuite pris la parole.

La cérémonie a été accompagnée par le régiment de grenadiers à cheval du général San Martin.

L’Ambassadeur Belizaire a dit : “C’est pour moi un honneur et un plaisir de vous recevoir ce matin du 29 mars 2023 pour célébrer ensemble l’histoire et l’héritage d’un homme dont le nom est inséparable de la lutte pour la liberté et l’indépendance des peuples d’Amérique latine. Je veux vous parler de ce personnage clé dans l’histoire de l’indépendance d’Haïti, la première République noire libre du monde et dont l’effigie porte sa place. Il s’agit bien sûr d’Anne Alexandre Tu sais Pétion, mieux connu sous le nom d’Alexandre Pétion.

Permettez-moi également de vous remercier d’avoir accepté notre invitation. Cet hommage traditionnel que nous rendons à ce grand humaniste ne saurait être le domaine exclusif d’Haïti et de son peuple. Chacun d’entre nous présents à cette cérémonie porte en lui une once de ce grand homme, car, en tant que chef militaire, humaniste et homme d’État, il a joué un rôle crucial dans la lutte pour la liberté et l’égalité des droits.

Pétion Soldado

Enrôlé dans la milice à l’âge de 18 ans, en 1791, à l’âge de 21 ans, il prend une part active à la révolte des esclaves libres contre les colons blancs, où il se distingue par son courage, son courage et son sens de l’humanisme.

Fin stratège, Pétion passera d’un côté à l’autre, au sein même des généraux engagés dans la lutte anticolonialiste. De Toussaint à Rigaud, il finit plus tard aux côtés de Dessalines, connu comme le père fondateur de la nation, avec qui il a combattu, ainsi que Henry Christophe et Capois La Muerte. Ensemble, ils deviennent les héros de l’indépendance d’Haïti le 1er janvier 1804.

Pétion Père du Panaméricanisme

Très peu de gens, même en Amérique latine, savent vraiment ce qu’est Haïti, sauf que c’est la première république noire indépendante du monde où l’espace privilégié des catastrophes naturelles. Bien que les effets du temps et des événements néfastes de ces dernières années puissent servir à effacer l’impact universel du glorieux héritage qu’Haïti a légué au monde, je vous invite à découvrir avec moi, peut-être la première fois pour certains, cette partie de l’histoire jamais révélée ou peu enseignée par l’histoire contemporaine.

Il ne fait aucun doute qu’Haïti voulait libérer le monde de l’esclavage. C’est pourquoi, immédiatement après notre indépendance, les pères fondateurs de la patrie ont lancé un mouvement révolutionnaire d’exportation de la liberté. À partir de 1805, Dessalines monte plusieurs groupes pour provoquer des soulèvements d’esclaves dans plusieurs colonies anglaises, françaises et espagnoles. Il conçoit en 1806 un plan pour libérer la Martinique, la Guadeloupe et plusieurs autres régions voisines, faits révélés dans le rapport d’Arnaud André ROBERJOT-LARTIGUE. La même année, l’empereur a accueilli Miranda, à qui il a donné des conseils et de l’aide pour libérer la Bolivie.

Pétion a reçu Miranda et Simon Bolivar. Miranda a fait un grand geste en offrant l’épée libératrice d’Haïti avec le bouclier haïtien représentant l’indépendance et la lutte pour la libération de son peuple. C’est à Jacmel que Miranda a ajouté une bande de tissu jaune sur le bleu et rouge du drapeau haïtien formant ainsi le drapeau de ces trois nations latino-américaines : la Colombie, l’Équateur et le Venezuela. Ce drapeau fut hissé pour la première fois dans le port de Jacmel, ville située au sud-est d’Haïti, le 12 mars 1806. Plus tard, il reçoit Bolivar à deux reprises (1815 et 1816) à qui il offre armes, munitions, hommes et argent pour combattre les forces colonisatrices d’Amérique latine. Disons, entre autres choses, que Miranda et Bolivar étaient deux grandes figures de proue dans la libération de la grande Colombie qu’elle regroupait alors : Colombie, Venezuela, Équateur, Pérou, Bolivie et Panama.

Le président Pétion a également donné le bras aux révolutionnaires mexicains. Il reçoit le 12 octobre 1816 Francisco Xavier Mina, venu interviewer Bolivar et demander de l’aide à Haïti. À son départ du pays, il reçoit l’aide demandée et Pétion ordonne qu’il soit transporté au Mexique sur la frégate Wilbertforce, navire amiral de la mairie haïtienne dans le but de reprendre la lutte contre les puissances colonisatrices. Selon l’historien haïtien, actuel ambassadeur d’Haïti au Canada, Dr. Webert Arthus, “Dans une lettre qu’il écrivit aux Cayes le 27 mars 1816, quelques jours avant le départ de sa première expédition appelée expédition aux Keys, Bolivar dit à son ami le colonel Leandro Palacios : “Après-demain, nous devons partir d’ici pour notre terre avec une expédition de quatorze navires de guerre, 2000 hommes, assez d’armes et de munitions pour faire la guerre pendant dix ans”. Parmi ces navires se trouvait le “Wilberforce”, un puissant navire de guerre haïtien, équipé de vingt canons, que Pétion mit à la disposition du Libérateur.

Enfin, Victor Ramos a déclaré que “la situation actuelle en Haïti est précisément due à la lutte menée par le peuple héroïque des Caraïbes pour assurer l’émancipation de l’Amérique latine. Les impérialismes français, anglais, espagnol, puis américain sont responsables de la situation critique actuelle en Haïti. La responsabilité nous incombe également, celle des Latino-Américains qui, par notre indifférence, sont complices de cette situation”. Ramos a finalement exhorté le gouvernement argentin à s’engager pour la cause haïtienne. Et a déclaré que la dette envers Haïti sera éternelle. Et que “les dirigeants latino-américains devront retrouver la dignité perdue en abandonnant Haïti quand il a le plus besoin de nous.”

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