La pastèque, fruit « aux mille vertus » dont raffolent les Dakarois

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Par Justin Coulibaly2 décembre 2021

Appelée « khaal » en wolof, la pastèque est le fruit le plus répandu à Dakar en cette période de l’année et est accessible à toutes les bourses. Si tout le monde déguste ce fruit avec joie, à longueur de journée, beaucoup ignorent les moyens déployés par les commençants grossistes pour les acheminer des villages les plus reculés jusque dans la capitale sénégalaise. La cinquantaine, Fallou Sall, marchand grossiste spécialisé dans la vente de pastèques, rencontré au marché Castors, nous amène dans l’univers de ce fruit, qui possèderait des vertus thérapeutiques.

La pastèque est un fruit apprécié de tous les Sénégalais et se trouve à la portée de toutes les bourses, en cette période de l’année. Elle est accessible à tout le monde et les prix varient entre 300 à 5 000 FCFA, selon le poids. Dès que les fruits arrivent à Dakar, les détaillants font le tri pour les disposer sur leurs étals et choisissent généralement les meilleures fruits, qu’ils proposeront à leurs fidèles clients. D’autres revendeurs achètent une pastèque, la découpent en tranches pour les commercialiser dans le marché ou à proximité, moyennant 50 ou 100 FCFA la tranche. C’est toute une chaîne… Trouvé ce jeudi après-midi en train d’accomplir sa pierre de 14h00, Fallou Sall, marchand grossiste de pastèques au marché Castors, sis à la grande porte de Sodida, a accepté de nous amener dans l’univers de la pastèque au Sénégal.

De la culture à l’approvisionnement, il nous révèle tous les secrets liés à ce fruit saisonnier. « Toutes les pastèques que vous voyez à Dakar proviennent des villages du Sénégal. J’avoue qu’il y a beaucoup de risques dans le commerce de pastèques. Parfois ça marche et on se frotte les mains, mais il arrive qu’on se retrouve avec des pertes énormes. Des fois, quand on se rend dans les villages pour nous approvisionner, les prix fixés au niveau des champs sont très élevés, entre 700 000 et 1 million FCFA pour un champ. En tant que grossistes, nous achetons les pastèques au village et par champ. Ensuite, nous les acheminons sur Dakar par camion et déboursons entre à 250 et 380 000 FCFA », a raconté Fallou Sall, qui évolue dans le domaine depuis 2008.

Etal de pastèques

« Arrivé à Dakar, le transporteur engage également des jeunes pour décharger les fruits et nous payons à nouveau entre 30 et 35 000 FCFA. Nous faisons parfois des pertes pouvant aller jusqu’à 335 000 FCFA. C’est d’ailleurs ce qui m’est arrivé cette année, lors de mon dernier voyage. Parfois aussi du fait que les pastèques sont entassées durant des jours, celle qui sont en bas du tas pourrissent à cause de la chaleur. Nous n’avons pas le choix, c’est un travail difficile, qui comporte beaucoup de risques. Généralement, comme je suis grossiste, les petits détaillants viennent s’approvisionner chez moi, pour aller revendre. J’ai des clients à Ben Tally, Niary Tally, Grand-Dakar. Pour vous dire, je passe même la nuit à la belle étoile pour veiller sur mes pastèques », a-t-il indiqué.

Toutefois, Fallou Sall, qui parvient à subvenir aux besoins de sa famille, à l’image des milliers de Sénégalais qui travaillent dans ce secteur, demande l’aide de l’État et surtout l’implication du ministère de l’Agriculture dans leur commerce. « Nous souhaitons que l’État sénégalais fasse quelque chose pour nous, d’autant plus que la période de pastèques dure seulement deux à trois mois. Mais, c’est très difficile pour nous de trouver un bon endroit à Dakar pour exposer nos marchandises. Nous voulons, si possible, que l’État organise, pourquoi pas, une foire aux pastèques. Je profite également de l’occasion pour lancer un appel au ministère de l’Agriculture, pour que soit menée une réflexion sur la transformation de la pastèque en jus de fruit, car elle a des vertus thérapeutiques », a ajouté Fallou Sall.

Une thèse qui a été confirmée par madame Arame Thiam Dieng, une cliente fidèle, qui était venue s’approvisionner, comme elle le fait tous les jours. « La pastèque participe efficacement à la fourniture d’apports alimentaires en certaines vitamines. Elle nettoie les reins et le sucre qu’elle contient est naturel. Elle ne donne pas de diabète. Ma famille en raffole. Je viens presque tous les jours acheter une bonne pastèque. J’aime surtout en consommer avant d’aller au lit. Et généralement, je m’aperçois que je  réveille le matin en grande forme », a-t-elle fait savoir.

Ibrahima Diallo, un petit détaillant occasionnel, se frotte les mains. Sourire aux lèvres et certainement très heureux de sa mi-journée, le Guinéen, qui d’habitude est bagagiste au marché Castors, profite de son temps libre pour acheter une pastèque à 500 ou 1000 FCFA. Il la découpe en petites tranches, pour la revendre ensuite dans le marché. « Je viens souvent acheter une pastèque que je découpe en petites tranches pour aller ensuite la revendre aux vendeuses de légumes et autres détaillants. Cela me rapporte souvent un bénéfice de 300 à 400 FCFA par unité. Et c’est une bonne affaire pour moi », se réjouit-il.

Afrik

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