« Nos Poètes »

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« Nos Poètes »

Par Serge H. Moise

Nos poètes ne font certes pas la grève

Quand ils se promènent sur la grève

C’est fort souvent une petite trêve

Qu’ils accordent à leurs rêves

II

J’ai rencontré Etzer Vilaire

Qui n’aime pas les primaires

Et il ne parle pas d’élections

Mais plutôt de versification

III

J’ai revu Massillon Coicou

Qui pleure hélas beaucoup

Sur les misères de la nation

Qui est encore en pâmoison

IV

J’ai revu l’ami Carl Brouard

Qui m’a certes invité à boire

Au nom de toute l’humanité

Et de notre éternelle amitié

V

J’ai vu Jules Solimé Milscent

Qui méprise les rampants

Mais respecte les vaillants

Qui se montrent persévérants

VI

Quand j’ai croisé Léon Laleau

Il se rendait à Tête de l’Eau

Revoir la belle de son cœur

Et poursuivre son bonheur

VII

Quant à notre Othello Bayard

Très loin d’être un braillard

Friand des beaux boumbas

Á la vue d’un superbe bonda

VIII

J’ai revu Alcibiade Pommayrac

Pleurant encor dans son bivouac

La détérioration de sa ville natale

Cette petite merveille nationale

IX

Oswald Durand m’a dit bonjour

Et sa Choucoune de toujours

Les yeux brillant d’amour

De l’univers ont fait le tour

X

J’ai bien revu Roland Morisseau

Qui ne buvait pas beaucoup d’eau

Qui n’en mettait pas dans son vin

Préférant sa poésie et son clairin

XI

J’ai aussi revu René Philoctète

Qui n’avait qu’un rêve en tête

Le bonheur de la mère patrie

Hé oui son unique Haïti chérie

XII

J’ai rencontré Lyonel Trouillot

Je lui ai parlé de Joe Trouillot

Ils sont des êtres très enchanteurs

Qui sexpriment avec tant de cœur

XIII

J’ai rencontré Anthony Phelps

Et j’ai tapé sur ses gros biceps

Pour qu’il ne frappe pas Micky

Qui voudrait bien être son ami

XIV

Si je retrouve l’ami Jean Brière

Nous prendrons une bonne bière

Nous visiterons la belle Jérémie

Et parlerons littérature et poésie

XV

Avec mon ami Gérard V. Étienne

Nous parlerons de l’âme haïtienne

Nous reverrons le Nègre crucifié

Et causerons surtout de liberté

XVI

Quand je verrai Jean St-Vil

Je lui dirai d’un air subtil

Continue mon cher frère

Tu contemples la lumière

XVII

Et sans commettre d’impair

Je rencontrerai Ida Faubert

La fille du président Salomon

Digne représentante de la nation

XVIII

J’irai voir Seymour Pradel

Digne héritier de Jacmel

Le prince de la jeunesse

Et poète de grande finesse

XIX

Et quand je reverrai Syto Cavé

Nous parlerons des grands oubliés

Ti Paris, Ti Roro, Rodrigue Milien

Sans oublier Candjo le vrai parrain

XX

Je m’assoirai avec Franck Etienne

Je lui parlerai d’histoires païennes

Et nous ferons le tour des lakous

En rendant grâce aux dieux vodou

XXI

En allant voir Raymond Chassagne

Pour admirer nos belles montagnes

Je dirai alors à Marie-Célie Agnant

Qu’elle reste l’amour des enfants

XXII

Je ferai la bise à Marie-Alice Théard

Notre dynamique porte étendard

Qui fait tant vibrer les cœurs

De sa poésie tout en couleur

XXIII

Avec Régine Coicou Stewart

Je traverserai les boulevards

Pour dire à Martine D. Dumas

Que nous ne l’oublierons pas

XXIV

Si je revois Robert Berrouët-Oriol

Je l’entretiendrai de notre auréole

Qui n’est autre que notre créole

Hé oui en daqui ou en parabole

XXV

Si je rencontre René Dépestre

Au cours d’une tournée équestre

Je l’inviterai à visiter Thomassin

Plutôt que de se rendre à Berlin

XXVI

Et avec le grand Émile Roumer

Nous irons au bord de la mer

Discuter de l’indigénisme

Et régurgiter le colonialisme

XXVII

Alors camarade Jacques Roumain

Tu as voulu montrer le chemin

À tous les Manuel du pays

Aucun d’eux ne vous a suivi

XXVIII

Je dirai à Jacques Stéphen Alexis

Qu’avec l’élection de Sweet Micky

Gonaïves est devenue le bidonville

Qui fait fuir toutes les familles

XXIX

Je dirai aussi à Jacques Roche

Qu’on pleure son départ si moche

Et avec notre ami Davertige

Nous n’aurons pas de vertige

XXX

Il faudra dire à Burr-Reynaud

Que nous portons nos anneaux

Qu’il voulait bien nous enlever

Hélas tout est à recommencer

XXXI

Roussan Camille si bien inspiré

M’a beaucoup parlé de Nedjé

Innocente victime de la pauvreté

Et de la concupiscence des étrangers

XXXII

Félix Morisseau Leroy tout en peine

Nous a parlé de Ti cochon la plaine

Et en dépit de tout ce temps passé

Nous vivons encor la même réalité

XXXIII

Le brillant Robert Berrouët-Oriol

Se joue des bla-bla et des paraboles

Son amour pour notre savoureux créole

Lui vaut certainement une belle auréole

XXXIV

Avec le poète Frantz Benjamin

Nous ferons un bout de chemin

Pour rendre hommage à nos héros

Qui sont nos fiers porte-flambeaux

XXXV

Dominique Hippolyte le grand

A semé du bonheur aux quatre vents

Sa belle plume caresse encor les cœurs

De ses lectrices et de tous ses lecteurs

XXXVI

Geoges Castera a certes fait école

En anglais en français et en créole

Son superbe talent à fleur de peau

A fait de lui le magicien des mots

XXXVII

Christophe Charles berce les cœurs

De tous les véritables fins lecteurs

Qui osent pénétrer son beau monde

Et savourer sa plume si féconde

XXXVIII

Pierre-Paul Gazemar le franc-parleur

Nous a entièrement dévoilé son cœur

Qui palpite face à la réalité humaine

Et nous invite à avoir une vie pleine

XXXIX

Dr Fresner Larosilière est très heureux

De pouvoir soigner la tête et les yeux

Sa seringue comme sa superbe plume

Noua débarrassent de nos amertumes

XL

Mérès Wèche a du talent à fleur de peau

Et jongle si bien avec les superbes mots

En français anglais ou en beau créole

Qu’un de ces beaux jours il fera école

XLI

Bito David ne mâche pas ses mots

Il dénonce avec rage tous nos maux

Et sa belle verve incitera la postérité

À évoluer vraiment vers la prospérité

XLII

Quant à notre John Wesley Delva

Il ne baissera certes jamais les bras

Il nous met toujours les points sur les i

Avec spontanéité hier comme aujourd’hui

XLIII

Hommage à Roland Menuau

Qui se promène toujours là-haut

Avec sa superbe muse infatigable

Nous rend la vie tellement agréable

XLIV

Clarens Renois un peu trop discret

A fait de son talent un grand secret

Privant les lecteurs du grand plaisir

De jouir de sa plume et d’en frémir

XLIVI

N’est pas poète qui veut

Ceux qui osent en faire un jeu

Commettent hélas un sacrilège

Et tombent dans leur propre piège

XLVII

J’aurai certes d’autres rencontres

Je ne vous promets rien par contre

Puisque revoir tous ces grands amis

Égale un merveilleux tour au paradis

SHM av.

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