Covid-19 : dans le plus grand cimetière du Brésil, on enterre de nuit

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Par sudouest.fr avec AFP
Publié le 21/04/2021 à 6h54
Mis à jour le 21/04/2021 à 6h56

Dans les 22 cimetières municipaux de São Paulo, 600 tombes sont creusées chaque jour, dont 200 à Vila Formosa, où il a fallu doubler le nombre de pelleteuses.

Une odeur de diesel se répand dans le plus grand cimetière d’Amérique latine : elle provient des groupes électrogènes qui permettent d’allumer les projecteurs pour les enterrements nocturnes, face à l’afflux incessant de corps de victimes du Covid-19. Des fossoyeurs qui travaillent depuis 30 ans dans ce cimetière de São Paulo nommé Vila Formosa ne se souviennent pas avoir vu au fil des décennies plus d’une dizaine d’enterrements la nuit. Mais ce qui était très exceptionnel avant la pandémie est en train de devenir la règle, avec l’explosion du nombre de victimes du coronavirus, qui a fait plus de 360 000 morts au Brésil.

Dans les 22 cimetières municipaux de São Paulo, la ville la plus peuplée du pays, pas moins de 600 tombes sont creusées chaque jour, dont 200 à Vila Formosa, où il a fallu doubler le nombre de pelleteuses. Six engins sont utilisés à présent, contre trois en mai 2020, au plus fort de la première vague, quand la moyenne s’élevait à une soixantaine de tombes quotidiennes.

La mairie a embauché plus de personnel et mobilisé davantage de véhicules pour transporter les cercueils. Les 45 corbillards étant insuffisants, les cercueils sont à présent entassés dans de simples minibus. Plusieurs médias locaux ont fait état de l’utilisation de minibus de transport scolaire pour le transfert de corps, une information niée par la municipalité.

Plus de 300 enterrements par jour

Le changement d’équipe a lieu à 18 heures. Huit fossoyeurs vêtus d’une combinaison blanche remplacent leurs collègues, pour travailler jusqu’à 22 heures. Ils sont habitués à la présence de photographes, qui viennent immortaliser les images chocs d’un des lieux symboliques de l’hécatombe provoquée par le virus au Brésil.

Avant le premier enterrement de la nuit, ils se réunissent en cercle autour de la tombe et se recueillent pendant une minute, la tête inclinée et les mains derrière le dos. Mais le bruit des pelles ne tarde pas à troubler le silence. « Il n’y a pas de famille ? », demande un fossoyeur. « Tu peux l’enterrer », répond un autre, l’attestation de décès en main. Peu après, un minibus arrive avec un autre cercueil. Cette fois, un groupe de proches est bien présent autour de la tombe où sera inhumé un homme de 57 ans. Sa fiche dit qu’il est mort du Covid-19.

Plus d’1,5 million d’âmes reposent au cimetière de Vila Formosa, dans ces rangées de tombes qui s’étendent à perte de vue sur 750 000 m². Le mois dernier, 105 enterrements ont eu lieu en une seule journée, trois fois plus que la moyenne d’avant l’épidémie. Dans l’ensemble des cimetières de la ville, 325 personnes ont été inhumées en moyenne chaque jour ces dernières semaines, avec un pic à 426 enterrements le 30 mars.

Les fossoyeurs de Vila Formosa estiment que 26 lots ont été utilisés en 12 mois, alors qu’il faudrait normalement plus de deux ans pour remplir tout cet espace. « Pour l’instant, il y a encore de la place, mais si ça continue à ce rythme, on ne sait pas jusqu’à quand », conclut l’un d’entre eux.

source: https://www.sudouest.fr

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