L’OTAN redoute que l’Algérie utilise son «gaz comme moyen de pression politique, à l’instar de la Russie»

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Par Abubakr DialloPublié le 16 juin 2022

L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord a qualifié l’Algérie de «risque pour la sécurité de l’Europe» et craint que ce pays d’Afrique du Nord fasse comme la Russie, en utilisant ses livraisons de gaz aux pays d’Europe comme une arme.

Dans un document datant de début juin et dévoilé hier mercredi par la version germanophone du site américain d’information Business Insider, l’OTAN (l’Organisation du traité de Atlantique Nord) a estimé que la menace provient des livraisons de gaz algérien aux pays de l’Europe du Sud, et plus particulièrement à l’Espagne avec qui l’Algérie a signé des accords de fourniture.

«Il y a un risque que l’Algérie utilise ses livraisons de gaz comme moyen de pression politique, à l’instar de la Russie. Cela représenterait un risque pour la résilience politique et économique de l’Europe. A long terme, cela menacerait le statut de l’Algérie en tant que fournisseur d’énergie pour l’Europe», a estimé l’institution qui rappelle que «la sécurité énergétique est considérée depuis de nombreuses années comme un facteur important en matière de politique étrangère et de sécurité, y compris au sein de l’OTAN».

En avril dernier, après la décision de Madrid d’autoriser le fonctionnement en flux inverse du Gazoduc Maghreb Europe pour aider le Maroc à garantir sa sécurité énergétique, l’Algérie avait menacé de rompre le contrat de fourniture de gaz à l’Espagne si le royaume ibérique venait à l’acheminer «vers une destination tierce». Une réaction qui avait déclenché des inquiétudes au sein de l’OTAN, d’autant que la Sonatrach, géant algérien des hydrocarbures, fournit plus de 40% du gaz naturel importé par l’Espagne.

Les relations entre l’Algérie et l’Espagne se sont détériorées au sujet du dossier du Sahara Occidental. Après avoir longtemps observé une neutralité sur ce dossier, l’Espagne avait changé de posture et reconnu, le 18 mars dernier, la marocanité du Sahara. Un soutien au projet d’autonomie marocain, qui a suscité la colère d’Alger qui, dès le lendemain, a rappelé son ambassadeur à Madrid. D’autres mesures vont suivre face à une Algérie qui ne décolère pas.

Il y a en effet une semaine, l’Algérie a suspendu un traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération, conclu en 2002, avec l’Espagne. Alger a en outre suspendu ses échanges commerciaux avec Madrid. Suspension qui, jusqu’ici, ne concerne pas le gaz naturel que ce pays d’Afrique du Nord fournit au royaume ibérique. Seulement, l’OTAN n’a pas l’esprit tranquille. Surtout qu’Alger tient à sanctionner Madrid.

AFRIK

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