Rien n’est plus cher pour un vrai citoyen que son drapeau.

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Bonjour,
Café civique du lundi 23 mai 2022

Les Collectivités Territoriales, la Décentralisation et les Rôles des Partis Politiques

Rien n’est plus cher pour un vrai citoyen que son drapeau.

Après un mois de silence en raison, d’une part, de la perte de mes lunettes, d’autre part, du décès de ma belle-sœur, la soeur de mon épouse, j’ai le plaisir de vous retrouver pour échanger sur nos VISIONS ÉTHIQUE, POLITIQUE, CIVIQUE, PATRIOTIQUE DU PAYS et partager nos CONCEPTIONS DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES.

Avant de nous replonger dans ce BAIN PATRIOTIQUE, j’estime important d’apporter un ÉCLAIRAGE HISTORIQUE à une interrogation de Me Ychmuth Corneille, (plus connu sous le pseudonyme de Me Rambo), Directeur de la Radio Marconi de Port-de-Paix. En quoi consiste-t-elle: « Notre Drapeau a-t-il été créé à Port-de-Paix? ».

Par probité intellectuelle, je lui avais répondu que je ne saurais confirmer ou infirmer cette thèse, mais je lui avais promis de relire:
1) Thomas Madiou, Histoire d’Haïti, Tome III;
2) Fernand Alcindor, La Contibution du Nord-Ouest à l’Indépendance Nationale.

Les deux auteurs ont parlé de Capois La Mort et du drapeau mais en deux approches différentes.

Aujourd’hui, je vous rapporte la version de Me Alcindor et, demain mardi 24, celle de l’historien Madiou.

Le Professeur Alcindor, à l’occasion du Tricinquantenaire ou Cent cinquantenaire de NOTRE INDEPENDANCE en 1954, en parle au chapitre V, pp. 59 à 62, dans l’intertitre «  LA PRISE DE PORT-DE-PAIX » que je vous reproduis TEXTUELLEMENT.

«  Le 12 avril 1803, Capois la Mort décida d’enlever sur les Français la ville de Port-de-Paix à laquelle Rochambeau attachait une importance considérable.

Parti de son Quartier Général ( de « Laveaux-Lacaille »), le chef noir s’établit à quelques centaines de mètres des portes de la place ( Port-de-Paix). Il fit camoufler ses canons sous des branchages et derrière un rideau d’arbres sur une éminence d’où l’on pouvait dominer la ville, en face d’un fortin que les français y avaient élevé. Les indigènes, en l’espace d’une nuit, y avaient construit les ouvrages de protection sur une assez respectable étendue. Le capitaine Placide Louis prit position derrière ce blockhaus. Le colonel Vincent Louis découvrit une batterie qui sema la mort dans nos rangs. Il y eut aussitôt un duel d’artillerie entre les deux armées. L’explosion de la poudrière du fortin projeta dans le camp indigène des lambeaux de chair humaine et des pierres. Les français (sic) terrifiés prirent la fuite en direction du fort Pageot. Placide Louis les reçut par un feu nourri et les poursuivit jusque dans l’enceinte de cette fortification où s’engagea un combat des plus meurtriers. Les Français expirants VIRENT CLAQUER AU QUATRE VENTS LE BICOLORE HAÏTIEN AVANT SA CONSÉCRATION LE 18 MAI PROCHAIN À L’ARCAHAIE ( C’est moi qui ai mis en majuscules pour attirer votre attention).

Les troupes françaises commandées par les généraux Boscus et Rippert étaient en proie à la panique la plus complète. Dans ce sauve-qui-peut, seule la ténacité de ces commandants parvint à rétablir un peu d’ordre dans l’esprit des soldats qui défendaient les autres positions de la place. Tous les bourgeois blancs s’embarquèrent avec leurs familles à destination du Cap ou de la Tortue dans des chaloupes qui étaient en station dans la rade de Port-de-Paix. Du fort Pageot qui domine la Place au Sud, Vincent Louis canonna le grand Fort situé au Nord-Ouest de la Ville sur le rivage de la mer. Le bruit des canons dont les boulets passaient au-dessus de Port-de-Paix en jetait les habitants dans une profonde consternation.
Le général Capois, au travers d’une grêle de balles, appliqua trois échelles contre les murs du Grand Fort et en atteignit le premier le parapet. IL Y PLANTA LE DRAPEAU INDIGÈNE. Sur ces entrefaites, le colonel Vincent Louis pénétra au cœur de la Ville, en chassa les Français qui se réfugièrent la plupart au Petit Fort. Le lendemain, à l’aube, Capois dirigea contre eux toutes les batteries des fortifications. Les généraux Boscus et Rippert furent obligés le jour même d’évacuer la Ville de Port-de-Paix laissant aux indigènes plus de trois cents prisonniers.

Sous le coup de ses mécomptes, obsédé d’idées de destruction, Rochambeau écrivait le 14 Avril 1803 au ministre de la Marine: «  l’esclavage doit être de nouveau proclamé dans ces parages et le Code Noir rendu plus sévère. Je pense même que pour un temps, les maîtres doivent avoir droit de vie et de mort sur leurs esclaves. Le renvoi de Toussaint (mort depuis le 7 Avril), de Rigaud, de Pinchinat, Martial Besse, Pascal, Bellegarde etc. ferait un très bon effet ici. Je les y ferais pendre avec le plus grand appareil » ( Histoire de Toussaint Louverture par H.P. Sannon, tome III page 155). ».

Demain, je partagerai avec vous le récit de Madiou pour votre propre comparaison et votre déduction.
Patriotiques salutations

Hérard LOUIS
Genève, le lundi 23 mai 2022

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