A l’origine de la religion: le nom caché de Dieu

2,323

Par Matthieu Grobli

a religion est le creuset de l’humanité et la clé de voûte de notre société. Car, ce n’est pas seulement ce qui lie les hommes entre eux, la religion donne aussi, une identité propre à un peuple. La première religion fût universelle. Ce fut celle de l’amour. L’amour de soi, l’amour de sa famille, l’amour de son pays et l’amour de l’humanité toute entière et l’amour transcendantal. L’amour, ce ligand qui relie les personnes entre elles, était à cette époque, la chose la mieux partagée au monde.

Il n’y avait qu’un peuple, une langue, une religion, un Dieu.

Dieu était si proche de sa créature qu’il conversait avec elle. Il connaissait particulièrement chaque humain de même que chaque humain connaissait personnellement Dieu et l’appelait par son Nom. 

Ainsi, connaissant les lois de la nature et le Nom sacré de Dieu, l’humanité vivaient en harmonie et en communion avec Dieu.

Mais un jour, les Hommes s’adonnèrent à la haine, aux guerres et à l’iniquité et tomba en disgrâce. Alors, Dieu se retira.

Ils l’appelèrent par son Nom, mais Dieu ne répondit pas…

Leurs prières et leurs encens ne montèrent plus aux cieux, leurs libations et leurs sacrifices restèrent sans effet.

Alors, ils construisirent un immense échafaudage afin de se rapprocher du ciel. Mais, plus les constructions montaient, plus Dieu s’éloignait des Hommes.

C’est ainsi, que Dieu délia les langues et dispersa son peuple aux quatre coins de la terres. Depuis ce jour, nul ne connait le véritable Nom de Dieu.

Comme le Nom de Dieu n’était jamais prononcé de la même façon, les Hommes crurent que c’était un Dieu différent. Pendant des siècles, victime de cette illusion, ils se querellèrent et firent des guerres fratricides. Ils s’entretuèrent dans des guerres de religions et firent couler le sang des innocents au nom de leur Dieu. Le courroux de Dieu s’abattit encore plus violemment sur eux, car ils avaient commis l’homicide. En quête de repentance et de réparation, ces assassins déguisés en saints construisirent des mosquées, des églises et des temples pour chacun de leur côté leurs supplications et leurs prières. Pour l’expiation de leurs iniquités, ils l’appelèrent avec une myriade d’épithètes afin que Dieu leur réponde favorablement:

Toru El (le Dieu taureau), El Ôlam, (Dieu éternel), El Elyon (Dieu Très-Haut), El Shaddaï (Dieu Tout-puissant), El ‘Haï (Dieu Vivant), El Ro’i (Dieu Voyant), El Elohe Israel (Dieu, l’Elohim d’Israël), El Guibor (Dieu le Fort)… mais Dieu ne répondit pas.

Al-Quddūs (Le Sanctifié), Al-Ghaffār (Est Celui qui pardonne ce qu’Il veut à qui Il veut), Al-Haqq (La Vérité : Allah est la vérité absolue), Al-Bāsit (Est celui qui libère, augmente et multiplie son bien conformément à une sagesse)… mais Dieu ne répondit pas. 

Au fil des années, à cause de son mutisme et de son éloignement, Dieu fût appelé le Très Haut, l’Inconnaissable, le Caché.

Certes, le Nom de Dieu était perdu à jamais et personne ne pourrait l’appeler par son véritable Nom, mais il restait tout de même l’estampe de sa signature.

En effet, grâce aux  hiéroglyphes, encore appelés Medou Neter ou “paroles de Dieu”, son Nom était gravé sur des blocs inaltérables : Amon (JMN) “le Dieu caché” des égyptiens.

Mais comment prononcer JMN ? 

Comme la vocalisation est variable d’une langue à l’autre, nous trouvons des transcriptions du même mot JMN sous la forme Imen, Imon, Amen, Amon ou Amun.

Amāna pour les babyloniens, Amūnu pour les assyriens, Amen pour les chrétiens, Amin pour les musulmans, Amma pour les Dogons, Imana pour les Rwandais et des Burundais, Nyame pour les Ashanti et les Akans…

Il n’est malheureusement plus possible de connaître de manière précise la vocalisation du Nom de DIEU, mais la seule certitude que nous pouvons établir c’est qu’à travers toutes ces langues, l’Homme a voulu exprimer la même chose : Qu’il n’y a qu’un seul Dieu pour tous!

Comments are closed.