Une habitante d’Ohio, à l’origine d’une publication ayant déclenché de fausses rumeurs selon lesquelles des migrants haïtiens auraient mangé des animaux de compagnie à Springfield, exprime ses regrets : « Cela a pris des proportions énormes.

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par Kurt Knuear

Cette semaine, l’actualité nationale a été marquée par une histoire inattendue, surprenante et plutôt proche de nous. Selon certaines allégations, des migrants haïtiens à Springfield, dans l’Ohio, auraient volé des animaux de compagnie dans le quartier afin de les découper et de les consommer.

Cependant, bien que les soutiens de cette accusation n’aient pas été en mesure de fournir des exemples concrets de tels actes, ces allégations ont tout de même réussi à se répandre comme une traînée de poudre, tant au niveau local dans le sud-ouest de l’Ohio qu’à travers le pays dans son ensemble.

D’où provient cette affirmation ? La réponse semble être liée à Erika Lee, une résidente de Springfield.

Âgée de 35 ans, Lee a récemment accordé une interview à NBC News, où elle a évoqué son rôle dans la diffusion de cette fausse information. « Cela a pris une ampleur que je n’avais pas anticipée », a-t-elle confié à la chaîne vendredi.

Quelques jours auparavant, elle avait publié dans le groupe Facebook “Springfield Ohio Crime and Information” : « Alerte à tous concernant nos animaux de compagnie bien-aimés et ceux qui nous entourent !! »

“Ma voisine m’a dit que l’amie de sa fille avait perdu son chat. Elle a cherché partout : sur les réseaux sociaux, dans les refuges, et en demandant autour d’elle. Un jour, en rentrant du boulot, elle est sortie de sa voiture, a regardé vers la maison de voisins haïtiens et là, elle a vu son chat pendu à une branche, comme on ferait avec un cerf pour le dépecer. Ils étaient en train de le couper pour le manger. J’ai aussi entendu dire qu’ils faisaient la même chose avec des chiens, et qu’à Snyder Park, ils s’en prenaient aux canards et aux oies, d’après ce que m’ont raconté des gardes et des policiers.”

En quelques jours, l’affirmation selon laquelle Lee aurait entendu parler de son voisin allait être relayée sur une scène de débat national, atteignant un auditoire de 67 millions de personnes.

« À Springfield, ils mangent les chiens », a déclaré l’ancien président Donald Trump lors de son débat de mardi contre Kamala Harris. « Les gens qui sont arrivés là-bas mangent les chats. Ils mangent – ils mangent les animaux de compagnie des habitants. Et c’est ce qui se passe dans notre pays. C’est vraiment une honte. »

Ce matin-là, le colistier de Trump, le sénateur de l’Ohio JD Vance, a également relayé cette affirmation à ses 1,9 million d’abonnés sur X, tout en reconnaissant qu’il ne pouvait pas prouver la véracité des allégations.

“Au cours des dernières semaines, mon bureau a reçu de nombreuses demandes de résidents de Springfield qui ont rapporté que les animaux de compagnie de leurs voisins ou la faune locale avaient été enlevés par des migrants haïtiens,” a-t-il écrit sur X. “Il est également possible que toutes ces rumeurs s’avèrent fausses.”

Vance a ensuite ciblé les migrants haïtiens vivant à Springfield, les accusant d’une série de problèmes, allant de l’augmentation des maladies transmissibles dans la région à la responsabilité d’un décès dans la communauté, en passant par la hausse des loyers dans la ville.

Peu après, il a publié un autre message dans lequel il déclarait : “En résumé, ne laissez pas les pleurnichards des médias vous décourager, chers patriotes. Continuez à partager les mèmes de chats.”

Lee ne s’était jamais imaginée que son post connaîtrait un tel succès, et elle a exprimé des regrets lors de son interview avec NBC concernant les conséquences néfastes de ses propos.

« Je ne suis pas raciste, » a-t-elle déclaré avec une profonde émotion, ajoutant que sa fille est à moitié noire et qu’elle-même est d’origine mixte et fait partie de la communauté LGBTQ. « Tout le monde semble interpréter cela de cette manière, mais ce n’était pas mon intention. »

Lee a déclaré avoir retiré sa fille de l’école et exprime maintenant des inquiétudes quant à sa sécurité, compte tenu de l’attention portée à sa famille. Elle a également indiqué qu’elle se soucie de la sécurité de la communauté haïtienne, qu’elle n’avait pas l’intention d’antagoniser.

« Je compatis avec la communauté haïtienne, » a-t-elle affirmé. « Si j’étais à leur place, je serais également terrifiée, craignant que quelqu’un ne vienne après moi parce qu’il pense que je porte atteinte à quelque chose qu’il aime, alors que ce n’est pas du tout ce que je voulais faire. »

Bien que les assertions demeurent incapables d’être étayées par un cas concret survenant réellement à Springfield, Trump semble toujours réticent à abandonner son affirmation. Lors d’une conférence de presse en Californie vendredi, Trump a refusé de revenir sur ses propos lorsqu’un journaliste l’a interrogé. Plus tôt dans la conférence, il a également mentionné qu’il pourrait se rendre à Springfield à l’avenir pour discuter de l’afflux de migrants haïtiens que la ville a connu.

Le message, ainsi que le fait que presque tout le monde dans le pays ait maintenant connaissance de son contenu, témoigne de manière frappante de la rapidité avec laquelle la désinformation peut se propager sur les réseaux sociaux.

« Je ne pensais pas que cela irait au-delà de Springfield », a déclaré Lee.

source: https://www.wlwt.com/article/post-at-origin-of-lie-about-haitian-migrants-eating-pets/62201811