Israël contre Iran : Tout ça pour ça

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par Larry Johnson

Peu après 22 heures jeudi soir, l’enfer s’est déchaîné sur les chaînes d’information du câble aux États-Unis. Les présentateurs de nouvelles se trémoussaient et gesticulaient au son du mambo «BREAKING NEWS». Israël frappe l’Iran avec des missiles, c’est le refrain qui retentit toutes les quelques minutes avec le ton d’urgence qui suggère que la fin du monde est proche.

J’étais dans la position unique d’être apparu sur la chaîne d’information iranienne en langue anglaise, Press TV, pour discuter de la nouvelle affirmation d’Israël selon laquelle l’Iran avait ciblé l’installation nucléaire de Dimona en Israël et qu’elle avait subi des dommages «mineurs». J’ai vérifié auprès de mon point de contact de Press TV et j’ai été informé qu’ils étaient perplexes face aux affirmations des États-Unis et qu’ils s’efforçaient de vérifier ce qui s’était passé. Peu de temps après, mon contact m’a fait savoir qu’il s’agissait d’une petite attaque de drones et que tous les drones avaient été abattus avant d’atteindre la cible.

Je suis retourné aux nouvelles du câble américain et le rapport a été mis à jour avec les mots «attaque limitée». C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que nous étions peut-être au milieu d’une offensive de propagande massive dirigée contre le public américain. J’ai regardé la couverture médiatique de RT et d’Al Jazeera. Rien. Pas de lecteurs excités essayant désespérément d’effrayer les téléspectateurs.

Dans les trois heures qui ont suivi les premiers rapports, une vidéo en direct est apparue sur Telegram montrant la situation sur la base militaire iranienne à l’extérieur d’Ispahan – tout était calme et aucun signe de ruines fumantes. Quel contraste avec les rapports initiaux d’Israël à la suite du barrage de drones et de missiles iraniens du 14 avril – Israël a refusé de montrer en direct les aérodromes prétendument «intacts» frappés par des missiles balistiques iraniens.

Ce qui est remarquable dans les reportages aux États-Unis sur l’attaque israélienne présumée, c’est que les journalistes de FoxCNN et MSNBC ont cité des sources militaires israéliennes se portant garantes de la frappe «réussie». De retour en Israël, Itamar Ben Givr, terroriste et extrémiste condamné pour terrorisme, membre du gouvernement de Netanyahou, a qualifié la «frappe» israélienne de boiteuse. Il a été vivement critiqué pour ne pas s’être aligné et avoir lu dans le scénario approuvé qu’Israël avait lancé une attaque de représailles importante, mais prudente, contre l’Iran.

Cette «attaque» contre l’Iran a toutes les caractéristiques d’une pièce de théâtre politique et militaire scénarisée – Israël frappe et l’Iran, «par peur», refuse de riposter. La réalité est que l’Iran, probablement à la demande de la Russie ou de la Chine, a accepté de ne pas donner suite à sa menace précédente de lancer une frappe de représailles massive en cas d’attaque par Israël.

Certains en Israël sont assez fâchés contre l’administration Biden pour avoir lâché le morceau. Selon le Jerusalem Post :

«Cela dit, officiellement, Israël n’acceptera pas la responsabilité de cette attaque pour des raisons stratégiques. Des sources expliquent que les Iraniens prétendent qu’il s’agissait d’une «explosion dans une usine» parce qu’ils souhaitent éviter une escalade. Des sources israéliennes ont déclaré au Post qu’il n’est pas clair pourquoi le Pentagone a révélé aux médias américains qu’Israël était impliqué ; Ils auraient pu garder le silence, disent-ils. Ils auraient pu préserver la dignité de l’Iran et éviter d’aggraver la situation d’eux-mêmes.

Sur la base de Kirya à Tel-Aviv, le Premier ministre Benjamin Netanyahou et l’ensemble de la direction de la sécurité et de la diplomatie étaient présents pendant 24 heures, en coordination avec les partenaires régionaux en Jordanie, en Égypte et en Arabie saoudite».

Il s’agit d’une débâcle de plus en matière de politique étrangère de la part de l’équipe Biden. Israël voulait calmer les eaux politiques à l’intérieur du pays en menant une «attaque» qui pouvait facilement être niée, mais qui satisfaisait la pression intérieure pour riposter contre l’Iran. L’Iran, pour sa part, s’est contenté d’abattre des petits quadricoptères et de ne pas être forcé de frapper Israël avec une contre-attaque qui aurait risqué une guerre régionale majeure. La retenue de l’Iran à la suite de cette «frappe» lui a valu une crédibilité diplomatique importante auprès de ses voisins arabes et turcs.

source : A Son of the New American Revolution

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