Le bras de fer entre la Chine et les États-Unis pour l’influence dans le Pacifique

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par Alexandre Lemoine.

Les petits États insulaires de l’océan Pacifique acquièrent une importance géopolitique de plus en plus grande à mesure que les différends s’exacerbent entre la Chine, d’une part, et les États-Unis et leurs alliés, de l’autre. Dans ce sens, l’Océanie suscite le plus grand intérêt.

Cette région représente un espace maritime de l’océan mondial qui s’étend de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et Palau à Niue et Kiribati. Le contrôle de cette zone ouvre un accès stratégique aux îles hawaïennes, à l’Australie, au Japon, aux Philippines ainsi qu’aux longues lignes maritimes de communications. Sans oublier l’accès aux richesses naturelles, dont les bioressources maritimes, des réserves de pétrole, de gaz, de phosphates et des minerais de fer.

À cet égard, Washington, Canberra, Wellington et Tokyo suivaient de près la tournée du ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi en Micronésie, Mélanésie et Polynésie ainsi que les négociations au format Chine-Forum des îles du Pacifique fin mai-début juin 2022.

Les États-Unis et l’Australie travaillent à contenir la hausse de l’influence de Pékin dans le Pacifique. En 2021, ces deux pays et le Royaume-Uni ont signé un pacte de coopération militaire et technique AUKUS. Washington cherche clairement à renforcer ses propres positions dans la mer de Chine méridionale stratégique en alimentant ses alliés en armes modernes et en organisant des opérations conjointes dans le cadre d’une « région indopacifique libre et ouverte ». Sachant qu’en parallèle s’intensifiera également l’activité des pays de l’OTAN tels que le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne.

Après les tournées du président chinois Xi Jinping dans le Pacifique en 2014 et 2018, Pékin travaille étroitement avec les élites au pouvoir dans les petits États insulaires, en accordant un soutien allant de bus scolaires et masques médicaux à la construction de centres balnéaires en passant par la modernisation des ports. Les intérêts de la Chine en Mélanésie, Polynésie et Micronésie sont très vastes et incluent la garantie de la sécurité de la navigation maritime, la pêche et l’exploitation des gisements de ressources naturelles. Rien n’est rapporté ouvertement concernant une quelconque activité militaire ou la mise en place de bases militaires. De plus, Pékin et les autorités des États insulaires nient la présence de tels projets.

En mai 2022, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a signé un accord de coopération avec les îles Salomon. Son texte n’a pas été dévoilé en intégralité, les médias n’ont eu accès qu’à des extraits généraux sur l’échange d’informations entre les forces de l’ordre, la lutte contre les cybermenaces, la simplification des procédures douanières et la contribution au progrès technologique. Néanmoins, suppose le New York Times, les accords conclus prévoient la possibilité de faire usage de la force pour protéger les investissements, les biens et les citoyens chionis, ainsi que la construction d’un port à des fins commerciales et éventuellement militaires. Ils admettent également des visites de la marine chinoise, un soutien logistique et le réapprovisionnement. La Chine réfute officiellement la présence d’une partie secrète portant sur des questions militaires.

La majeure partie des États insulaires de l’Océanie n’a pas l’intention de prendre parti dans la confrontation américano-chinoise pour ne pas « devenir l’herbe piétinée par des éléphants ».

source : Observateur Continental

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