DU RÉGIME REPRÉSENTATIF : LA CONSTITUTION

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Café civique du 24 mars 2021

DU RÉGIME REPRÉSENTATIF
LA CONSTITUTION
29 mars 1987- 29 mars 2021

34 ANS

LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES, LA DÉCENTRALISATION
ET LES RÔLES DES PARTIS POLITIQUES
(Suite du mardi 23 mars 2021)

Comment se sont comportés les PARTIS POLITIQUES en période de jure (de droit) et de facto (de fait)?

Avant le baptême de feu des partis politiques pour les premières élections du dimanche 29 novembre 1987, un évènement annonciateur s’est produit à Port-au-Prince le 13 octobre 1987à 10:45 du matin. Pour les compatriotes de moins de 50 ans étrangers à l’univers juridique, je précise que le Conseil National de Gouvernement (CNG) n’était pas un gouvernement constitutionnel (de jure) mais un gouvernement de fait (de facto) comme l’ont été ceux du Général Raoul Cédras, de Me Emile Jonassaint , de Me Boniface Alexandre et de M. Jocelerme Privert. S’agissant de cet évènement annonciateur, le président du Parti Rassemblement des Démocrates Chrétiens d’Haïti (RDCH), Me Yves Volel, a été abattu, au cours d’une conférence de presse, en face du Bureau de la Police (Recherches Criminelles) à quelques mètres du Palais National. Son assassin n’a jamais été identifié et court encore dans la nature ou gît dans sa tombe. Les Partis Politiques et la Presse ont beau dénoncer et condamner avec vigueur cet assassinat monstrueux, le Conseil National de Gouvernement (CNG) est resté imperturbable et l’armée poursuit son chemin pour l’organisation des élections dans une fièvre civique qui n’a jamais existé pour les générations qui n’ont pas connu les élections de 1957. Cet enthousiasme sans précédent pour moi, car j’avais 5 ans en 1957, allait basculer, ce 29 novembre, dans une totale et amère déception: massacre des électeurs dans des bureaux de vote à Port-au Prince par des forces de l’ancien régime hostiles au changement. En raison d’un tel carnage, ” le Conseil Électoral Provisoire , par un communiqué, a décidé de renvoyer les élections à une date ultérieure compte tenu des nombreux actes de brigandages de toutes sortes perpétrés par des mains criminelles qui, visiblement, semblent être assurées de l’impunité. Quelques heures plus tard, le CNG annonce la dissolution du Conseil Électoral Provisoire l’accusant d’être à la solde des puissances étrangères.

Comment les Partis Politiques ont-ils réagi à ce séisme séisme?

En effet, à l’unanimité, les partis politiques, à l’exception d’un seul, si ma mémoire est bonne car je n’ai ni les journaux ni les bandes sonores, ont dénoncé et condamné avec fureur ce cataclysme, puis accusé le CNG d’être l’auteur intellectuel du carnage pour avoir supporté l’aile dure du régime duvaliériste.

Après la formation d’un nouveau Conseil Électoral, le CNG a convoqué le peuple dans ses comices pour de nouvelles élections générales le dimanche 17 janvier 1988. Les promoteurs du changement hostiles au CNG et le corps électoral pensaient que les partis politiques allaient boycotter ces élections. À notre grand étonnement, 10 partis politiques ou 30% sur 33 ont décidé de s’inscrire. Pour la première fois, l’union sacrée contre le CNG est rompue. Parmi ces 10 partis, 3 ont retenu notre attention:
1) le Mouvement pour le Développement National (MDN) du Dr Hubert De Ronceray;
2) le Parti Social Chrétien d’Haïti (PSCH) de Me Grégoire Eugène;
3) le Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP) du Professeur Leslie F.Manigat.

Tous les patriotes s’interrogeaient sur le sens et le but de ces inscriptions après ces élections noyées dans le sang. Comment expliquer le comportement de ces 3 éminents intellectuels?

Pour moi, il s’agit, d’une part, d’un calcul politique, c’est-à-dire je tente ma chance au mépris de l’électorat, car moins on est nombreux, plus grande est ma chance de gagner les élections, d’autre part, d’un CREDO de Leslie Manigat ” C’EST L’ARMÉE QUI DONNE LE POUVOIR; CE N’EST PAS LE PEUPLE”. C’est la raison pour laquelle, je n’ai jamais considéré notre brillant Professeur comme un démocrate mais comme un SRATOCRATE ( dérivé de deux mots grecs: stratos i signifiant armée et kratos autorité, pouvoir), c’est-à dire qui croit dans l’armée comme souverain et non dans le peuple. L’erreur fondamentale du génial Professeur est de n’avoir pas compris que : ” L’armée donne le pouvoir et l’armée reprend son pouvoir”. Il l’a payé à ses dépens. L’armée, au terme d’une élection contestée avec moins de 5% d’électeurs, lui a effectivement déclaré vainqueur le 17 janvier 1988 et a repris son pouvoir en renversant le Grand Leslie Manigat le 20 juin 1988.

Qu’a-t-il réalisé pour les Collectivités Territoriales et la Décentralisation ?

( À SUIVRE)

Patriotiques salutations
Hérard LOUIS

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