Jésus, la solution du problème haïtien!

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Par Pierre-Yves Roy, Ph.D.

Je fus très ému hier soir en regardant une vidéo publiée sur Youtube offrant la scène d’un groupe de Chrétiens, marchant à Vilaj de Dieu.  Nombreux, jeunes et vigoureux, portaient des T-shirts de couleur rouge, défilaient pleins de conviction et de ferveur, entre des maisons de pauvres, délabrées, trouées de balles ou, tout bonnement détruites. Ils  enjambaient des mares boueuses, foulant au pied les rues à terre battue du village, parfois tapissées de fatras, parfois sèches et poudreuses comme le cendre. Et, munis de gongs et de tambour, ils clamaient, « Selman kwè Li, selman kwè Li. Selman kwè Jezi. La sove w tou. »  C’est de cette manière apparemment peu orthodoxe, pourtant très significative, faisant appel à la repentance, que des Chrétiens plus lucides et plus convaincus de la puissance salvatrice du nom de « Jésus » comptent en finir avec la crise de l’insécurité en Haiti. Et, c’est la meilleure des stratégies offertes jusqu’à date. 

Pour moi, une telle action m’incite à réfléchir sur  la véracité que Jésus veuille réellement nous aider àsolutionner le problème de la peur et à régler une fois pour toutes la grande problématique centenaire haitienne : l’injustice.  Seigneur, peux-tu vraiment établir la paix dans ce pays, le guérir de ses plaies et le sauver  de la mort physique et spirituelle?  Il nous répond, « Si mon peuple sur qui est invoqué mon nom prie et cherche ma face, et s’il se détourne de ses mauvaises voies, je l’exaucerai des cieux, je lui pardonnerai son peche, et je guérirai son pays.1 »

Je ne suis pas le premier à reconnaître que le péril est d’ordre spirituel, et se révèle politiquement insolvable. C’est la déficience morale chronique  des élites qui, depuis les Affranchis, perdure jusqu’aujourd’hui, à ronger toutes les fibres régénératrices de la nation. C’est l’orgueil perfide d’une classe privilégiée, cet esprit de supériorité, cet égoïsme dégradant et méprisant de la bourgeoisie haitienne, qui ostensiblement considère les masses, comme des bêtes de somme et des brutes à naitre et à mourir dans l’ignorance et dans la crasse ; c’est ce manque d’amour pathologique, cette indifférence froide au bien-être et au malheur d’autrui.  C’est aussi la frustration populaire, et la jalousie engendrées par les souffrances aberrantes des pauvres. En vérité, c’est de toutes ces maladies psychiques que proviennent les calamités haïtiennes d’hier et d’aujourd’hui. Et, ni la dictature, ni les urnes ni le fusil ne sauraient démêler un tel imbroglio! Mais Dieu.

L’orgueil est un lion : il veut dominer coûte que coûte—quitte à périr lui aussi. Il  est sans merci. Il est vengeur : il ferait tout pour punir. L’égoïsme veut tout garder pour soi : les privilèges, l’honneur, l’argent, et le pouvoir. Indubitablement, ces tares humaines créent des montres à mille cornes pour nuire aux autres et pour nuire àceux qui en sont affectés. Qu’on l’accepte ou pas, je puis déclarer sans crainte d’être contredit, que la culture des gangs dans le pays, la floraison de l’industrie du kidnapping et les assassinats commandités,  sont des produits directs ou indirects de l’amour-propre excessif d’un petit groupe. 

Donc, comment Jésus peut-il changer la situation haitienne ? La réponse est simple : Jésus est le Prince de la paix qui appelle tous les hommes à la repentance, à l’amour et au pardon. Il nous invite à la confession mutuelle ; il veut nous détourner de nos mauvaises voies, et nous aider à abolir le règne de l’injustice dans nos familles. Aux victimes, il leur  donne la force de pardonner et d’oublier les offenses ; il nous commande de nous aimer les uns les autres. 

Ce que je souhaite qu’on retienne de cette courte réflexion, c’est un message d’invitation à faire volte-face aux acteurs de la scène politique haitienne. Nos élites devraient parvenir à s’élever dessus de leurs pérennes mesquinerie, à changer de conduite à l’égard des masses, avant que le pays soit capable de jouir d’une paix durable. Elles s’efforceraient de se montrer dignes du sacrifice de nos grands-parents esclaves, et de se remettre à leur position légitime pour diriger la nation vers un horizon de dignité et de prospérité. Cela commencerait par la reconnaissance de leurs faiblesses et la volonté d’aspirer à la vertu et d’œuvrer de concert avec le peuple pour le bien-être de la nation. Loin de nous la pensée d’une éradication totale de l’injustice sociale, en Haiti, car elle est le résultat de plus de deux siècles d’exploitation et d’indifférence outrancière ! Mais, au moins, les classes dirigeantes manifesteraient le désir de changer la donne, et non de la perpétuer par des complots avec l’ennemi et par de sinistres compromis et de machiavéliques stratégies. A leur tour, les masses, incapables de se faire entendre malgré leur supériorité quantitative, et par manque de leadership intelligent, devraient apprendre à combattre avec plus de modération et moins d’ambition. Car, la conjoncture haitienne fait appel au pardon, à la paix et à l’amour que seule une transformation de coeur peut engendrer. Et Jésus est celui qui peut accomplir une telle transformation.

1. 2 Chroniques 4-16

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