Une intervention rapide de forces étrangères en Haïti est nécessaire.

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Une intervention rapide de forces étrangères en Haïti sous l’égide de l’ONU, plus un projet de création d’emplois pour les jeunes, sont nécessaires afin d’éviter une catastrophe dans le pays.

Par Raphaël Paul Gustave Magloire

Ex-Ministre de l’Intérieur de la République d’Haïti

Conseiller Spécial du Gouvernement de Transition de 2004-2006

18/12/2022

Le pays vit sous le règne des bandits armés.

Le 12 janvier 2022, marquait le douzième anniversaire du séisme qui avait frappé le département de l’Ouest d’Haïti : ce fut la catastrophe la plus désastreuse de notre histoire avec la perte en vies humaines d’environ 320,000 personnes et au moins 1 million de blessés. Après cette catastrophe, nous vivons aujourd’hui, en décembre 2022, la descente aux enfers. Le pays est en train de mourir à petit feu.

Nous sommes dans un pays où les trois pouvoirs qui forment l’État sont inexistants. Le dernier chef d’État élu, Président Jovenel Moise, a été assassiné chez lui dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021. Cependant, 18 mois après personne n’est trop sûr des raisons de son assassinat, ni qui sont les commanditaires. Un vrai imbroglio. Si c’est la justice qui élève un pays, donc nous sommes déjà enfouis sous terre !

Tout le système politique et judiciaire ainsi que la société toute entière ne se portent pas mieux. Pour mieux résumer la gravité de ce problème, au sommet de l’État tout le monde est en position de facto, sauf pour 10 membres du Sénat qui sont sortis d’élections régulières, mais qui sont en fait un vestige de la République. Bientôt, le deuxième lundi de janvier 2023, ce vestige sans utilité réelle, sera caduc. De plus, il faut signaler, que personne ne sait vraiment quand nous allons avoir les prochaines élections, une pierre angulaire, comme dans toute démocratie qui se respecte. Car ce sont des élus qui dirigent une démocratie ! Nous ne savons pas non plus, sous l’égide de quelle constitution ces élections pourraient avoir lieu.  

Sur le plan économique, nous marchons à reculons. La production intérieure brute du pays, (PIB) continue de baisser depuis 4 années consécutives. La population est devenue plus pauvre et le prix des produits que le peuple consomme chaque jour augmente très vite avec un taux d’inflation au-dessus de 40%. N’était-ce la solidarité internationale, et de nos compatriotes qui vivent à l’étranger, bon nombre de nos frères et sœurs n’auraient que des pierres à se mettre sous les dents. C’était arrivé une fois déjà comme dans un conte d’horreur propre à effrayer les enfants de tous âges.

C’est une population qui chante encore, mais les fêtes de fin d’année sont maintenant des époques très tristes. Beaucoup d’enfants vont grandir, si cela continue comme ça, sans jamais connaitre l’ère de l’électricité et tout le plaisir que cela donnait de sortir un verre d’eau glacée d’un réfrigérateur. Moins de 34% de la population consomme de l’eau potable. Mais, nous avons actuellement une épidémie de cholera dans le pays. Très peu de villes ont un système de voirie et un service d’incendie en état de fonctionner. Il y a tellement à dire et à écrire sur notre misère collective, notre paupérisation, notre insuffisance en termes d’équipements collectifs publics de qualité que nous sommes devenus les grands gagnants des prix littéraires. Bien sûr, cela ne suffira pas pour envoyer à l’école les 500.000 enfants qui n’y vont pas cette année.

On est devenu ainsi le pays où on se souhaite Bon Combat, en lieu et place de Bonne Année. Car, nous sommes entrés en guerre avec nous-mêmes. Quand on sort de chez soi, on appelle sa famille pour dire qu’on est arrivé à destination, afin que nos proches cessent de s’inquiéter. Nous avons toujours eu des bandits dans le pays. C’est une longue tradition. Mais, nous vivons aujourd’hui dans une situation où les bandes armées sont armées par des politiciens et des hommes d’affaires avec des armes plus puissantes que celles des forces de l’ordre. Ils ont beaucoup plus de pouvoir que ceux qui dirigent nos institutions d’État. Ils contrôlent la distribution de l’essence et décident de fermer le pays quand ils veulent. Des centaines de personnes, de même que des véhicules privés et de transport public sont séquestrés pour demande de rançons. Et, dans certaines zones les bandits avec leurs armes de guerre en bandoulières, règlementent la circulation et imposent un paiement pour le passage sur les routes. Ces bandits lourdement armés tirent et assassinent qui ils veulent, quand ils veulent, sans considération pour l’âge et le sexe.

Une enfant de 7 ans qui revenait de l’école en tenant la main de son père a été tuée d’une balle à la tête, un jour avant la date de son anniversaire de naissance. Une infirmière a été tuée dans l’ambulance qui l’emmenait chercher un malade. Une femme enceinte a reçu un projectile qui a tué son enfant dans son ventre. Nous vivons l’horreur. Ces pauvres malheureux sont tués avec une très grande cruauté par des armes puissantes tirées à distance. Des dizaines d’autres passants sont tombés sous les feux des gangs armés. Quand les parents n’ont pas pu payer pour récupérer leur mort, les cadavres sont restés à décomposer sur le sol ou dans la boue… Nous vivons un cauchemar affreux.

Selon une déclaration de la Congresswoman, d’origine haïtienne, Sheila Cherfilus McCormick, du Congrès des Etats-Unis, une force d’intervention rapide pourrait se déployer en Haïti avant le 10 janvier 2023. D’après les déclarations publiques sur l’état déplorable de la situation la population se rallierait à une telle solution.

Mais, je crois aussi qu’une telle intervention ne devrait pas uniquement reposer sur la force pour résoudre la crise. Je suis d’avis que de la même façon que c’était fait en 2004, et même un peu mieux, il faudrait, parallèlement, faire en sorte d’offrir une nouvelle perspective aux jeunes qui sont pour la plupart dans une telle situation de chômage et sans espoir, qu’ils ont choisis le banditisme comme une porte de sortie à leur misère et à leur désespoir.

LE PROJET DE LA DECONCENTRATION DE PORT-AU-PRINCE

PHASE II

(Profil du Projet dans le cadre de la relance de l’économie de la création d’emplois pour les jeunes et de l’amélioration du niveau de vie, en général, qui est en train de reculer rapidement, avec une réduction du PIB depuis les 4 dernières années)

La Phase II vise à faciliter l’établissement d’un environnement pour une croissance économique durable, capable de créer des opportunités pour les jeunes en Haïti à partir de programmes de formation en entreprenariat et en technologie, et en encadrant la création de petites, et moyennes entreprises (PME) dans 40 municipalités ciblées du pays. Elle vise aussi, la création de plusieurs centaines de milliers d’emplois dans le domaine de l’agriculture et de l’artisanat, de la construction et du logement, des ouvertures dans l’industrie, et des services tels le tourisme, le transport routier et maritime, le commerce en site et en ligne, le développement des métiers liés à toutes les activités se déroulant dans les 5 grandes régions du pays.

Le but principal du projet est de créer un environnement économique en dehors de la capitale, Port-au-Prince, pour faciliter la prospérité et la croissance dans les villes de province, grâce à la création de petites entreprises et d’emplois pour les jeunes de 17 à 34 ans. En fait les jeunes représentent plus de 65% de la population et peuvent grandement contribuer à l’amélioration des conditions de vie et du bien-être de la population, et permettre à toute la nation de reprendre confiance dans l’avenir du pays qui est menacé de mourir et que nous devons tous contribuer à relever.

LEXPERIENCE DE LA TRANSITION 2004-2006

Pour donner de l’espoir aux haïtiens et aux jeunes en particulier pour qu’ils restent chez eux pour travailler au développement du pays, nous pouvons lancer ce projet d’envergure et de dimension nationale. Ce projet préconise des programmes  intégrés s’exécutant sur 40 municipalités dans les 5 grandes régions du pays : le Grand-Nord, le Grand-Sud, le Grand-Centre, la région de la Capitale, et la Région Frontalière, (telles quelles sont définies par le projet du MICT en 2005) en reposant la production et le développement sur 4 grands secteurs tels que 1) l’agriculture et l’artisanat, 2) la construction, 3) l’industrie et 4) les services comme le tourisme, le commerce et les transports routiers et maritimes.

Ces programmes visent aussi à améliorer le cadre de vie, les conditions et la qualité de vie de la population en améliorant le pouvoir d’achat basé sur le fait que la plus grande partie des biens alimentaires consommés dans le pays sera produit localement, contrairement au 72% qui sont importés aujourd’hui. Un pays avec une économie qui exporte beaucoup plus qu’elle importe crée beaucoup plus de travail et de richesse pour toutes les couches sociales. Le niveau de bienêtre et de vivre ensemble va s’améliorer. Les municipalités sélectionnées pour faire partie de ce projet seront choisies sur des critères spécifiques et rigoureux en termes de location, population et potentiel pour une croissance harmonieuse et rapide tant sur le plan économique que socio-culturel. En effet, elles seront sélectionnées pour devenir des communautés phares, modernes et prospères en un temps record. Ce sera le développement accéléré par excellence !

En 2004, un tel défi se présenta à Haïti qui était traversée par une crise complexe qui avait la capacité d’arrêter l’expérience démocratique jeune de moins de 20 ans. Car, toutes les institutions du pays étaient affectées. Les institutions politiques, les institutions économiques et les institutions sociales et culturelles n’arrivaient pas à conjurer la crise et une possibilité de guerre civile planait sur Haïti. La communauté internationale, sur l’égide des Nations Unies, prit la sage décision d’intervenir militairement pour éviter l’effondrement de la société haïtienne, qui aurait eu aussi des répercussions désastreuses et couteuses pour toute la région. Différentes mesures furent adoptées pour encourager un redressement de la situation en Haïti, grâce à un consensus qui avait cautionné l’établissement d’un gouvernement de transition pour une période de 2 années. Les autorités intérimaires avaient adopté des mesures de redressement sur le plan économique et social, pour apaiser la situation surtout dans les zones populaires, qui sans emplois, végétaient dans une condition de misère affreuse, très favorable aux déviances et au banditisme.

La communauté internationale approuva une aide financière d’environ $360 millions de dollars, dans le cadre d’une coopération intérimaire pour financer des initiatives de création d’emplois dans tout le pays, Le gouvernement intérimaire lança plusieurs projets pour redresser la situation économique en récession depuis plusieurs années déjà et établir un cadre devant permettre la réalisation d’élections libres, et inclusives, et de revenir à un système démocratique représentatif dans le pays.

Le Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales, (MICT) sous la demande du Premier Ministre, Gérard Latortue, lança le Projet de Déconcentration de la capitale et de la modernisation territoriale à partir de couloirs de développement dans tout le pays, articulée sur 5 grandes régions :

1-      La Région du Grand-Nord

2-      La Région du Grand-Sud

3-      La Région du Grand-Centre

4-      La Région Frontalière

5-      La Région de Port-au-Prince

Ainsi, de juin 2005 à juin 2006, des projets furent lancés dans les 10 départements du pays et toute une gamme de mesures avaient été adoptées pour accompagner les municipalités sélectionnées. Chacune d’elle devait chercher à développer les activités qui leur étaient propres afin de créer du travail pour leur population et augmenter la production et les services dans leur communauté. La déconcentration de Port-au-Prince, ou de la capitale du pays devint un projet majeur et viable assez rapidement. Ce projet, en fait, résidait à l’Unité de Déconcentration du MICT, mais était, en pratique, un projet pivot autour duquel devait s’articuler d’autres projets d’envergure en collaboration avec un nombre important d’institutions du pays et des bailleurs de fonds du système international. Le plus souvent le MICT était devenu le maitre-d ’œuvre de ces projets. Car, le décaissement des fonds du Cadre de Coopération Intérimaire (CCI), coordonné par un comité présidé par le Ministère du Plan, exigeait un collatéral que le MICT payait au nom des collectivités territoriales directement ou indirectement bénéficiaires.

Parmi les institutions qui ont participé à cette stratégie on peut citer :

Le Ministère de l’Économie et des Finances (MEF)

Le Ministère du Plan et de la Coopération Externe (MPCE)

La Banque de la République d’Haïti (BRH),

L’Université d’État d’Haïti (UEH)

Le Ministère des Travaux Publics (MTPTC)

Le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP)

Le Ministère de la Condition Féminine (MCF)

Le Ministère de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse et du Sport (MENJS)

Le Ministère de l’Environnement

Le Ministère du Tourisme

Le Ministère des Affaires Sociales (MAST)

Le Ministère de l’Agriculture et des Ressources Naturelles

Le Conseil Électoral Provisoire (CEP)

La Commission de Garantie Électorale

La Commission sur le Désarmement et la Réintégration

L’Électricité d’Haïti (EDH) 

La CAMEP

LA JUSTIFICATION DE LA PHASE II DU PROJET

La Phase II du Projet de Déconcentration et maintenant de Développement Régional serait lancé dans un environnent de politique internationale assez favorable pour au moins 5 raisons :

1-      L’évolution du banditisme en Haïti (que la Phase I du projet voulait prévenir en créant des opportunités pour les jeunes), porte un risque de contamination pour les états voisins, surtout avec le trafic des armes et de la drogue associé aux activités des bandits.

2-      La guerre entre la Russie et l’Ukraine a un impact très négatif sur le niveau de vie de la population haïtienne et l’inflation qui en découle (dépassant 40%) exacerbé par les prix du carburant, des engrais et des céréales dans le pays. La situation va continuer à s’empirer sans un projet d’envergure pour y remédier.

3-      Avec les opportunités d’emplois qui s’amenuisent, les vagues de jeunes qui laissent le pays dangereusement sur des esquifs, en absence d’espoir de trouver un travail dans le pays, vont devenir de plus en plus importantes.

4-      Ce projet ouvre une perspective de collaboration entre Haïti et son voisin la République Dominicaine pour réduire le nombre de ressortissants haïtiens qui laissent le pays pour traverser la frontière vers la République Dominicaine à la recherche de travail. Le projet offre aussi une meilleure perspective de collaboration entre les 2 pays voisins dans le domaine touristique et commercial pour leur bénéfice réciproque.

5-      Il convient de noter que dans le cadre du Sommet des Amériques qui s’est déroulé à Los Angeles, Californie, au mois de juin 2022, les USA se sont engagés à apporter une assistance financière d’environ 2 milliards de dollars aux pays dont la population émigre illégalement vers les Etats-Unis à la recherche de meilleure condition de vie. Le Secrétaire D’État Américain, Antony Blinken a annoncé que les pays qui sont frappés par de telle situation peuvent appliquer pour obtenir de ces fonds. Ce projet pourra mettre Haïti en position d’éligibilité à ces fonds. Il faut tenir compte aussi que dans le cadre du dernier Sommet des G7 le Président Biden a introduit auprès des leaders des pays les plus riches du monde la nécessite de lancer un Plan Spécial de $600 milliards pour financer le développement des pays les plus pauvres pour contrecarrer la stratégie de la Route de la Soie lancée par la Chine continentale. En effet, la Chine continentale continue d’engager des dizaines de milliards de dollars dans des projets de développement dans les pays en développement, et en retour, les pays financés se sont abstenus, comme la Chine, de condamner l’agression de la Russie contre l’Ukraine. 

Le projet offre aussi une alternative économique et sociale aux jeunes qui, en désespoir de cause, se réfugient dans les activités de gangs. Le projet ne peut pas à lui seul estomper la vague de banditisme qui frappe le pays. Car, les enlèvements pour demande de rançons, les assassinats, et les actes outrageux des bandits contre l’ordre établi ne font qu’augmenter. Une intervention militaire rapide de forces internationales est nécessaire pour mettre fin à ce problème et faciliter la reprise économique en Haiti. Mais, quand les jeunes commenceront à voir des mesures rigoureuses adoptées pour combattre le banditisme, ils trouveront un avenir moins risqué dans ce projet.

PERSPECTIVES ENCOURAGEANTES

Ce projet a été discuté, dans ses aspects agricoles, industriels et touristiques et aussi en ce qui a trait aux constructions qu’il génère, avec plusieurs instances internationales, avec le Gouvernement du Premier Ministre Ariel Henry, et aussi avec les autorités dominicaines. De tous les côtés, les avis ont été très favorables.

Actuellement, très peu de nos produits agricoles sont dominants sur notre propre marché. Ils sont trop chers par rapport aux produits importés, mais conservent encore un label de qualité pour les connaisseurs. Notre production agricole utilise très peu d’engrais et d’insecticides et une grande partie des terres sont capables de satisfaire les normes de l’agriculture biologique, très en demande sur le marché international et touristique. Ceci pourrait être éventuellement utilisé dans le cadre d’une stratégie touristique ciblant une clientèle de plus en plus importante.

Dans un pays avec environ 1800 kilomètres de côtes et 72 villes et villages avec vue sur la mer, la pêche n’est pas encore exploitée de façon industrielle. Pourtant, le Passage du Vent, dans le Nord-Ouest, est le lieu de passage saisonnier d’une grande migration de poissons migratoires, principalement de thon très en demande sur le marché international. Ces ressources sont pourtant exploitées par des bateaux de pêche étrangers.

Les activités de production agricole devront être aussi accompagnées d’une grande amélioration au niveau de la conservation et du commerce des produits des grandes plantations, des jardins et de la pêche. L´agriculture doit inclure la technologie pour se moderniser afin de créer du travail et nourrir la population et les millions de visiteurs que nous pouvons attirer chaque année dans le pays dans le cadre d’une politique touristique dynamique, en accord avec la République Dominicaine.

Les conditions infrahumaines dans lesquelles vivait la grande majorité de la population, même avant le séisme de 2010, étaient déjà terribles. Le déficit en termes de logements décents avoisinait environ 600,000 unités. Le pourcentage de la population active au chômage est encore à 40%, sans tenir compte du fait que la plus grande partie des jeunes du pays n’ont jamais travaillé de leur vie.

L’amélioration de la circulation des passagers et des marchandises des zones rurales vers les villes de façon décente en toutes saisons exige la construction de plusieurs milliers de routes secondaires. Cela sera une grande opportunité pour la création de nouvelles entreprises de construction pour nos jeunes et les travailleurs qui sont chassés aujourd’hui de la république voisine de façon ignoble. Nous pouvons faire mieux que ce que nous faisons aujourd’hui. Nous ne devons pas et nous ne pouvons pas fermer les yeux sur nos responsabilités, et abandonner nos compatriotes à leur sort.

Durant la transition de 2004, dans le cadre du Programme de la Déconcentration, l’une de mes grandes priorités était de lancer la construction de la route reliant le Cap-Haitien à la République Dominicaine, comme un pont entre nos deux peuples. Dire ceci au moment que la RD est en train de déporter des dizaines de milliers de nos frères et sœurs peut paraitre étrange. Bien au contraire. Si nous voulons créer des emplois pour les millions de personnes sans travail dans le pays, nous devons construire des parcs industriels dans les 5 grandes régions du pays. La RD peut nous aider à le faire, en nous louant leur savoir-faire, et même en investissant un peu dans notre système. Les Chinois de Taiwan seront contents de se joindre à nous si nous sommes sérieux. Des milliers d’entreprises taiwanais qui fabriquent pour les USA en Chine continentale se bousculeront pour se joindre à l’entreprise si nous sommes sérieux. Ne vous inquiétez pas pour le financement du projet, si nous sommes sérieux, car les Etats-Unis seront parmi les grands bénéficiaires, ils financeront. Real Politique. En effet, le cout de la main-d’œuvre chinoise est en train d’augmenter rapidement, de même que la tension politique entre la Chine et Taiwan.

Une bonne partie de la population, à défaut de logements, vit dans des taudis de la pire espèce. Rien ne s’est vraiment amélioré depuis quelques temps en absence d’un programme de logement à grande échelle pouvant aussi créer des milliers d’emplois. Nul ne doit faire semblant d’ignorer ce qui se passe à la Saline, à Cité Soleil, à Grand-Ravine, dans les couloirs de Sainte Hélène, de Mackandal, de La Fossette et de Cité Léternel, les villages du diable de tous les enfersLe pays est en fait un vaste bidonville à ciel ouvert. C’est la preuve de l’abandon de la grande partie de la population haïtienne à leur sort infernal. Le banditisme vient après l’abandon social dans tous les dictionnaires.

En dynamisant l’expansion de l’industrie touristique aux niveaux environnemental, culturel, médical et sportif, et, en apportant l’infrastructure et le financement nécessaire à travers les 40 municipalités sélectionnées, cela va attirer les jeunes entrepreneurs. Les professionnels et les petits entrepreneurs, par peur du climat d’insécurité à la capitale, cherchent des opportunités de plus en plus vers les villes de province. Malgré que l’environnement sécuritaire doive s’améliorer, le projet peut encourager cette tendance en apportant des infrastructures et du financement préférentiel pour les activités qui rentrent dans le cadre des grandes priorités.

Les Haïtiens, sur le plan individuel comme sur le plan collectif, rêvent d’un lendemain meilleur pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Ils sont tenaces, créatifs, rudes travailleurs et ont l’esprit d’entreprise. Ils veulent garder l’espoir dans le futur, avec un sens de dignité. Ils veulent se sentir heureux chez eux en travaillant et en assurant une bonne éducation à leurs enfants. Ce qu’ils veulent, actuellement, c’est l’opportunité de participer et de contribuer à la reconstruction de leur cher Haïti.

Haïti, n’est pas seulement un très beau pays, mais il a également beaucoup de ressources et de richesses naturelles. Mme Leonel Fernandez de la République Dominicaine m’a dit, lors d’une rencontre en Floride alors qu’elle menait sa campagne auprès de la diaspora dominicaine pour la Vice-Présidence de son pays, à côté du candidat à la présidence, Président Molina, que « nous avons la plus belle partie de l’ile ». Malheureusement… Malheureusement, quoi ? Lui ai-je demandé. Elle a soupiré. J’ai deviné quelle voulait dire que nous avons, en effet, un si beau pays et nous ne savions pas comment l’apprécier, comment l’exploiter, et comment le développer après plus de deux siècles d’indépendance tumultueuse.

Qui avait demandé de chanter : Demain la gloire d’Haïti… (C’était, Gérard Tardieu, je crois, le chef des Scouts d’Haïti.

Compte tenu du fait que  la principale activité de loisir dans les communes ciblées pourrait être le football, donnons aux jeunes haïtiens pratiquant ce sport la mission et les moyens d’envoyer une équipe en coupe du monde d’ici 12 ans. Oui c’est possible, dans le cas où nous cherchons à développer dans les équipes que nous aurons créées dans les 40 communes du pays, nos Pelés, nos Messis, et nos Kylian Mbappés. Nous pouvons arriver à avoir aussi des équipes olympiques féminines classées au plus haut niveau de l’échelle mondiale. Aller sur la lune, certainement nous prendra un peu plus de temps !

Récemment, quelqu’un a écrit sur les réseaux sociaux : « Des Haïtiens peuvent être Président de Harvard Université, Porte-Parole de la Maison Blanche, Membre de l’Académie Française, Gouverneur du Canada, mais, ils n’arrivent pas à diriger correctement leur pays…

Savez-vous pourquoi ?

Le développement est un choix. Ce n’est pas le fait du hasard. Nous devons faire ce choix  et gagner le pari, en construisant ensemble une Haïti démocratique, moderne et prospère.

QUE DIEU BENISSE NOTRE CHERE HAITI !

un autre Soleil…

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