Haïti : Enquête sur le meurtre du Président haïtien et les graves violations des droits humains sous sa direction

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7 juillet 2021, 15 h 33 UTC

L’agression armée d’hier soir qui aurait tué le président haïtien Jovenel Moïse et blessé sa femme est un indicateur choquant de la grave crise politique et des droits humains à laquelle Haïti fait face depuis des années, et doit faire l’objet d’une enquête rapide et impartiale parallèlement aux violations graves et continues des droits de l’homme dans le pays, a déclaré aujourd’hui Amnesty International.

“Le meurtre du Président Jovenel Moïse doit faire l’objet d’une enquête immédiate et impartiale aux côtés des graves violations des droits de l’homme et de l’impunité chronique dont les gens ordinaires ont souffert sous sa direction”.
Erika Guevara-Rosas, directrice des Amériques chez Amnesty International.

“C’est un appel au réveil pour la communauté internationale, et pour les autorités haïtiennes qui ont supervisé l’impunité chronique, ignoré les appels des défenseurs des droits humains et qui ont ouvert la voie à une crise aussi grave”.
Erika Guevara-Rosas, directrice des Amériques chez Amnesty International

Amnistie Internationale est préoccupée par l’escalade potentielle de la violence dans les prochains jours et surveillera attentivement toute manifestation potentielle qui s’ensuivra, les attaques contre les défenseurs des droits de la personne et les attaques contre les Haïtiens ordinaires. L’organisation appelle les autorités haïtiennes à mettre les droits humains au centre de leur réponse à la crise politique.

La communauté internationale doit également fournir toute l’aide au pays pour trouver des moyens de désamorcer la violence et de protéger les droits de la personne, y compris les journalistes et les défenseurs des droits de la personne. Les États ont également l’obligation de permettre à ceux qui quittent le pays en quête de protection internationale de demander l’asile.

Contexte

Des manifestations et des violences généralisées sont en cours en Haïti depuis au moins 2019, comme l’a déjà documenté Amnesty International.

Dans ce contexte, les défenseurs des droits humains et les journalistes sont de plus en plus attaqués.

En juillet, le Comité pour la protection des journalistes a condamné le meurtre du journaliste Diego Charles. Une militante, Antoinette Duclair, a également été tuée. En mai, Amnesty International a également documenté le cas de Milostène Castin, défenseur des droits des agriculteurs de subsistance qui ont subi des saisies de terres, des déplacements et des attaques violentes dans le nord-est d’Haïti.

Le Observatoire haïtien des crimes contre l’humanité (OHCCH) et la Clinique internationale des droits de l’homme de la Harvard Law School a également publié un rapport en avril alléguant la complicité du gouvernement haïtien dans trois massacres ciblant des quartiers pauvres commis entre 2018 et 2020. Le rapport indique que les attaques, menées par des gangs, ont été soutenues par des acteurs étatiques, y compris des responsables de l’administration du Président Moïse, et allègue que ces actes pourraient constituer des crimes contre l’humanité.

Un rapport de l’ONU, publié en janvier 2021, a constaté une forte augmentation des violations des droits de l’homme et des violations du droit à la vie pendant les manifestations de 2018 et 2019 et a appelé les autorités à répondre aux préoccupations sous-jacentes, notamment « l’impunité, la corruption, les inégalités structurelles et un niveau de vie adéquat afin de rétablir la confiance du public et de prévenir les troubles futurs. » Les organisations de la société civile, y compris l’Institut pour la justice et la démocratie en Haïti, ont maintes fois soulevé des préoccupations au sujet de l’impunité chronique et du dysfonctionnement judiciaire en Haïti, notamment lors d’une audience devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme tenue en décembre 2020.

Pour plus d’informations ou pour organiser un entretien, veuillez contacter Carlos Mendoza : +52 55 4145 7003, carlos.mendoza@amnesty.org

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