Les composantes plurielles de la société civile haïtienne doivent être sélectionnées pour constituer le gouvernement de transition.

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Par Savannah Savary 05/01/2021

Plaçons le miroir en face de nous. Regardons vers l’autre. L’autre qui avec nous forme la société civile. Le concept de Société civile trouve son origine dans l’Antiquité grecque, plus de 2000 ans avant notre ère contemporaine. Alexis de Tocqueville a considéré la société civile comme le lieu de naissance et d’exercice des vertus citoyennes. C’était l’« École de la Démocratie et de la Liberté». La société civile devint une instance politique publique qui observait et critiquait les agissements de l’État.

La société civile est un domaine au sein de la société. Domaine entre les sphères étatique, économique et privé, ou encore, entre État, marché et famille. La société civile est un espace public composé par un grand nombre de groupements plus ou moins indépendants de l’État, plus ou moins bien organisés, dotés de différentes formes d’organisation. La condition, pour qu’une société civile organisée existe, est la garantie de libertés individuelles et collectives aux individus. Les organisations de la société civile sont indépendantes des sources étatiques et organisations économiques. Elles doivent attirer l’attention de la société et créer un impact social dans la vie publique. Les acteurs de la société civile sont toujours impliqués dans la politique, préfèrent garder une position indépendante. Le terme «société civile» signifie “le développement de sociétés”, autrement caractérisée par le terme de démocratisation. Haïti a sa société civile.

La société civile haïtienne doit remplir 7 fonctions fondamentales : La société civile a le devoir de procurer la liberté aux citoyens et les protéger de l’arbitraire étatique. L’observation et le contrôle du pouvoir politique, une des obligations fondamentales de cette fonction est le contrôle des élections, pour en garantir le déroulement équitable, dans le respect des règles fondamentales de la démocratie. La socialisation démocratique et participative des citoyens. Une augmentation de l’intérêt général pour la politique, une augmentation de la motivation et de la capacité participative à l’événement politique. La société se trouve confrontée à des mégaproblèmes qui ne peuvent être réglés au niveau de l’État uniquement. La société civile remplit ses obligations sociales en allégeant l’État. La société civile peut contribuer à ouvrir des voies efficaces de production, de rassemblement et d’articulation de valeurs communautaires et d‘intérêts sociaux, en-dehors des partis politiques et des parlements. La société civile agit comme intermédiaire entre les citoyens et l’État. La contribution de la société civile au processus de formation de l’opinion publique et de la volonté populaire. Le règlement ou gestion des conflits sociaux en construisant des ponts entre les positions conflictuelles les plus profondément ancrées dans la vie de la société.

Le terme « société civile » a été galvaudé en Haïti. Pris en otage par un géronte suffisant, placé dans un garde-manger, abusé avec délibération, il sert à approvisionner ses maîtres. Avilie, détruite en 2004, les gens n’y croient plus. À la faveur des circonstances particulières que vit le peuple haïtien, il est impératif de récupérer et s’approprier ce terme qui, à la lumière d’une prise de conscience individuelle et collective, ne sera plus désormais l’apanage d’un individu ou l’outil d’un clan. La société civile haïtienne a pour obligation de remplir pleinement son rôle, en toute urgence. Elle se présente comme l’alternative ultime pour permettre une transition-rupture. À défaut d’une société civile organisée qui puisse agir comme un seul Homme, il s’impose de puiser dans ses rangs des personnalités dignes de mener la transition. Il nous faut des Justes. Des notables. Des hommes- frontière et femmes-frontière.

Les Justes, les notables, les hommes-frontière et femmes-frontière, renvoient à un concept unique. Les Justes sauvèrent des milliers de Juifs, particulièrement des enfants, durant la Seconde guerre mondiale. Ce noble qualificatif fut attribué à des religieux, des professeurs, quelques gendarmes, des médecins, des femmes de ménage, des syndicalistes… Rien ne semble réunir ces femmes et ces hommes si ce n’est leur générosité, leur grandeur d’âme. Les actes héroïques ne manquent pas : ils vont de la mise à l’abri d’enfants cachés à la fabrication de faux papiers, de l’hébergement dans des villages de montagne aux filières d’évasion… Ils réussirent par leurs actions, à conjurer le mal. Chez nous, les notables sont des personnes importantes et influentes respectées par une communauté pour leur dimension immense. Ils se sont construit une notoriété pour devenir une référence. Reconnus pour leur sérieux, la rectitude de leur parcours, leur apport contribue au mieux-être de chacun. Les hommes-frontière et femmes-frontière sont impliqués dans les affaires de la cité sans être assujettis à un courant de pensée. Ils peuvent avoir une orientation idéologique sans être enfermés. Ils ont la capacité de parler au monde et recueillent une forme de reconnaissance dans différents milieux. Ces personnes phares ont donné des preuves du don de soi.

La société civile haïtienne a dans ses composantes plurielles et diverses, des notables, personnes phares qui doivent être sélectionnées pour constituer le gouvernement de transition.

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