Gary Pierre Paul Charles est un journaliste très connu. Il a tissé sa réputation dans les primeurs avec sa station de radio Scoop FM via Haïti Débat, une émission très prisée. Comme tout le monde, il a ses admirateurs et ses détracteurs. Ces derniers jours, ses détracteurs lui ont porté de vilains coups après la mort du journaliste Néhémie Joseph de la radio Panic Fm, à Mirebalais, et correspondant de la radio Mega, à Port-auPrince. La mort de ce jeune homme bourré d’avenir et pétri d’engagement est une perte énorme pour sa famille, la presse haïtienne et tout le pays. Cette mort tragique suscite depuis le 11 octobre, date de décès du journaliste, de vives controverses. Subséquemment, les accusations fusent de toutes parts. D’abord contre la personne de Gary Pierre Paul Charles.
Évidemment, il y a eu un échange sulfureux entre les deux journalistes. Un enregistrement audio ayant fait le tour des réseaux sociaux fait état de la grogne de Gary contre Néhémie. Est-ce suffisant pour l’inculper du meurtre du présentateur de l’émission « Tanbou verite » ? Aucun homme avisé ne devrait l’entendre de cette oreille. Or, journalistes et politiciens en ont profité pour envenimer l’ambiance en faisant de GPPC le principal suspect. À quelle fin ? Est-ce peut être l’occasion idéale pour se venger d’une grande gueule ? Seuls les journalistes et les manœuvriers politiques qui ont tenté de récupérer « l’affaire » détiennent la réponse.
Gary Pierre Paul Charles, devait-il s’acharner autant contre son confrère de micro ? Non. C’est une maladresse onéreuse. Sa réputation n’en sortira peut-être pas indemne. Mais toute tentative pour l’inculper du meurtre a tout l’air d’une manœuvre désespérée. Seule la justice est compétente pour juger de la culpabilité d’un homme. Cependant, le zèle de la presse à sensation semble vouloir supplanter le boulot de l’appareil judiciaire par des « fake news ». Où est passée la solidarité corporative ? Quelques intérêts immédiats semblent de plus grande envergure que la vérité. Pourquoi Roberde Céliné dit Bob C, journaliste très coté de la radio Caraïbes, a-t-il préféré prendre les devants pour attiser le feu au lieu d’inviter à la sérénité et au respect du temps judiciaire ? Est-ce une habile diversion pour mener délibérément à une fausse piste ? Bien avant qu’il soit assassiné, le journaliste n’avait-il pas rendu public les menaces dont il était l’objet ? N’avait-il pas clairement identifié ceux qui voulaient attenter à sa vie, en l’occurrence le maire Elionel et le sénateur Rony Célestin ?
Nul ne doit s’ériger en défenseur aguerri de l’animateur de Haïti Débat avant une enquête judiciaire susceptible de mener aux auteurs du crime. Personne ne doit également lui faire porter le chapeau d’une infraction commise dans des conditions obscures. Les spéculations autour de cette « affaire » infestent le milieu médiatique et ne rendent pas service à la presse.
En toute objectivité, toute affirmation sur ce dossier devrait faire de la place à la réflexion critique et à la déconstruction de toutes accusations fallacieuses et gratuites. À la justice de conduire une enquête impartiale et rigoureuse, car on ne doit pas enlever la vie à un homme parce qu’il a exercé librement son droit à la parole. La jouissance de la liberté d’expression jointe à la liberté de la presse est une constante de la démocratie. Par ailleurs, le règlement de compte par la manipulation de l’opinion publique contre un individu constitue une lâcheté sans épithète.
Oui à la liberté d’expression ! Non au matraquage médiatique !
Walsonn Sanon, Citoyen haitien
