L’Alliance des États du Sahel ou la grande victoire africaine

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par Mikhail Gamandiy-Egorov

La création en 2023 de l’AES entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger représente un succès majeur aussi bien pour la région du Sahel, mais également un grand pas en avant à l’échelle continentale africaine et dans le cadre de l’ordre mondial multipolaire. Malgré les défis existants, ladite alliance représente l’espoir pour un très large nombre d’Africains et de partisans de la multipolarité.

L’année qui se termine est caractérisée par de nombreux événements et bouleversements à l’échelle planétaire. Plus que jamais la confrontation entre les partisans de l’ordre multipolaire international contemporain et ceux qui refusent obstinément à reconnaitre cette réalité a atteint son plus haut niveau d’intensité. Néanmoins et malgré les nombreux défis auxquels devront faire face les défenseurs de la multipolarité face aux tentatives de déstabilisation qui émanent d’une évidente minorité de nostalgiques d’une ère révolue – la détermination des premiers est plus que jamais au sommet. Y compris sur le grand continent africain.

L’un des grands événements de cette année a été incontestablement la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) par les leaderships du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Le tout avec un large appui populaire des nations africaines. La nouvelle grande alliance sahélienne représente non seulement un coup dur pour toutes les forces révisionnistes réunies au sein d’une évidente minorité planétaire, mais surtout et cela est le plus important – une grande source d’enthousiasme pour les citoyens des pays concernés, ainsi qu’à l’échelle encore plus large africaine et internationale. En qualité de fer de lance du panafricanisme et de la multipolarité sur le continent africain.

Les défis restent évidemment nombreux. Les objectifs des régimes occidentaux visant à déstabiliser par tous les moyens à leur disposition les projets de l’AES, la présence encore en place de troupes étasuniennes sur le sol du Niger, les défis sécuritaires, comme la nécessité à mettre un terme pour les pays de l’alliance à l’instrument néocolonial monétaire du franc CFA. Mais encore une fois la réalité contemporaine est telle que les dites tentatives de déstabilisation qui émanent de l’Occident représentent aujourd’hui en quelque sorte des coups d’accélérateur aux projets d’une libération pleine et entière aussi bien pour la région du Sahel, qu’à l’échelle de toute l’Afrique qui aspire à devenir un acteur important au sein de l’ordre mondial contemporain et post-occidental.

Chaque nouvelle avancée, y compris les victoires militaires contre les éléments à la solde de l’establishment atlantiste, comme ce fut le cas avec la libération récente de la ville malienne stratégique de Kidal après de longues années d’occupation par des groupes terroristes et armés – sera non seulement célébrée, mais surtout représentera un pas de plus vers l’atteinte des objectifs nécessaires.

L’AES est finalement le résultat d’un rêve longtemps entretenu par des millions d’Africains qui aspirent à une véritable indépendance et souveraineté, dans un cadre panafricain et d’un ordre mondial plus juste. Ce rêve est devenu réalité, mais il importe aujourd’hui à ne pas se limiter aux réalisations obtenues et de poursuivre le chemin tracé par les grands noms africains qui inspirent plus que jamais leurs descendants, devenant eux-mêmes de grandes sources d’inspiration supplémentaire à la nouvelle génération des habitants d’Afrique comme du monde.

Encore une fois – ce chemin sera certes semé d’embûches, mais connaissant si bien les ennemis de l’ordre contemporain – les forces partisanes de l’ère multipolaire disposent de tout le nécessaire pour mettre les dits ennemis hors d’état de nuire. Pas à pas, étape par étape. En frappant là où cela leur fait le plus mal et en se libérant des illusions du passé. L’avenir est multipolaire et post-occidental. Cet avenir se construit déjà en ce moment. Et l’Afrique a beaucoup à apporter à cet avenir commun des peuples qui ont largement compris comment se construira la nouvelle architecture mondiale.

Mikhail Gamandiy-Egorov

source : Observateur Continental

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