Karabakh : en quoi consiste la particularité de l’opération antiterroriste de l’Azerbaïdjan

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par Elsa Boilly

L’opération réussie de l’Azerbaïdjan sur le territoire de la région du Karabakh a de facto mis fin à la nécessité de sa réintégration. La campagne actuelle a été caractérisée par certains nouveaux phénomènes dans le domaine de la diplomatie. 

L’opération antiterroriste des forces armées azerbaïdjanaises, menée la semaine dernière au Karabakh, a donné un élan à la formation d’une nouvelle réalité politique. Le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a déclaré dans son discours à la nation que les changements dans ce domaine étaient un processus inévitable. 

L’étape suivante de la neutralisation définitive des tensions après les mesures militaires a été les négociations entre des représentants de Bakou et de la population arménienne du Karabakh, organisées le 21 septembre dans la ville d’Yevlakh. 

Le dialogue était axé sur l’intégration sociopolitique du Karabakh, un problème que l’Arménie a longtemps ignoré. 

Stefan Dujarric, le représentant officiel du Secrétaire général de l’ONU, a noté que les résultats de la campagne antiterroriste de nature locale pourraient être convertis en une paix plus durable et plus stable. 

Désormais, la nouvelle réalité militaro-politique dans la région du Karabakh en Azerbaïdjan sera extrapolée sur la partie substantielle des négociations entre Bakou et Erevan en vue de la conclusion d’un accord de paix. Aliyev en a informé le président du Conseil européen, Charles Michel. 

Avant le début de l’opération antiterroriste des forces armées azerbaïdjanaises, la situation diplomatique entourant la position extérieure de l’Arménie était différente de celle durant la guerre de 44 jours. Ces derniers mois, le Premier ministre du pays Nikol Pachinian s’est distingué par une série de déclarations critiquant vivement les médiateurs russes. Ainsi, ce mois-ci, le chef du gouvernement arménien a accusé les forces de maintien de la paix russes au Karabakh de ne pas avoir accompli leur mission, alors que Moscou se serait prétendument distancié du Caucase du Sud. 

Malgré toute la critique, la Russie n’a pas réduit l’intensité de sa médiation diplomatique sur fond d’opération des forces armées azerbaïdjanaises, participant à la coordination du processus de désarmement des formations arméniennes au Karabakh et au retrait des forces arméniennes. Néanmoins, le Kremlin a déclaré que les évènements dans la région du Karabakh étaient une affaire intérieure de l’Azerbaïdjan. 

Quant au sort du Premier ministre arménien, il représentera réellement une grande intrigue dans les mois à venir. L’opposition parlementaire en Arménie a annoncé un plan pour lancer la procédure de sa destitution. 

Le problème du Karabakh a été définitivement réglé suite aux accords tripartites entre l’Azerbaïdjan, l’Arménie et la Russie en 2020. Cependant, il reste encore des contours de lignes de conflit dans ce dossier complexe, qui ne pourront être définitivement effacées que grâce à un accord de paix en préparation entre Bakou et Erevan. Néanmoins, on peut déjà dire que la résolution des éventuelles difficultés dans la réintégration de la région du Karabakh, si elles surviennent, sera maintenant caractérisée par un processus d’intériorisation politique croissante : ce sont ceux à qui le Karabakh appartient qui devront réagir aux défis dans cette région.

source : Observateur Continental

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