Lettre aux Racistes et Fascistes de l’Autre Côté

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Editorial

En ma qualité de citoyen haïtien, j’ai observé de près vos manœuvres visant à faire d’Haïti votre arrière-cour, voire un département de votre nation, tout comme votre ancêtre, l’assassin Leonidas Rafael Molina Trujillo, a voulu le faire en son temps. Au cours des vingt dernières années, avec la complicité de dirigeants et d’oligarques haïtiens, vous vous êtes divertis à déshumaniser notre peuple en prétendant que nous constituons une menace constante pour votre sécurité. Je comprends que votre manque de profondeur historique vous rende envieux et vous pousse à tenter de détruire notre pays, que vous semblez haïr pour sa capacité de résilience. Permettez-moi de vous dire que votre médiocrité en tant que nation dépourvue d’une histoire significative vous expose sous un jour peu flatteur, car vous violez toutes les lois internationales en ce qui concerne la coexistence entre Haïti et la République dominicaine.

Malheureux prédateurs,

Je m’adresse à vous au nom de tous les Haïtiens conscients et déterminés à défendre l’autodétermination d’Haïti et ses droits souverains. Nous sommes profondément préoccupés par les récentes informations faisant état de vos intentions de déclencher un conflit armé avec notre cher pays, Haïti, en raison d’un désaccord que vous avez, artificiellement, créé concernant la gestion de la “rivière massacre” que nos deux nations partagent. Alors que je vous exhorte à réévaluer vos revendications, je tiens à souligner que votre argumentation vous discrédite gravement. Votre cause est fallacieuse. Vous réalisez onze prises d’eau le long d’une rivière que nous co-gérons, et vous prétendez que nous n’avons pas le droit d’en effectuer une seule. Je tiens à vous rappeler que nous ne négocierons pas notre droit souverain à agir sur notre propre territoire. Vos tentatives pour nous dicter notre attitude via un exécutif haïtien de facto sont et seront vaines parce que nous sommes en mode combat pour démocratiser cette démocratie qu’on veut nous imposer. J’ai appris par les médias que vous avez essayé tant la voie guerrière que diplomatique pour camoufler votre laideur, mais les citoyens haïtiens conscients et déterminés s’en soucient peu. Nous sommes trop occupés à construire nos propres canaux d’irrigation pour nous préoccuper de vos menaces. Les Nations Unies, toujours promptes à se prononcer sur la situation en Haïti, observent, je pense de près. Nous savons que ceux qui ont pris le pouvoir en Haïti avec la complicité de prétendus tuteurs ne porteront pas cette agression devant cette organisation. Ce n’est pas à nous de leur dicter leur conduite parce qu’ils ne nous représentent pas. Cependant, nous espérons sincèrement que la charte des Nations Unies, à laquelle nous sommes tous deux parties, sera appliquée de manière impartiale par ceux qui sont chargés de la faire respecter, pour une fois.

Vwazen,

Chez nous, dans le cadre de la guerre de basse intensité menée contre notre peuple, un massacre chasse toujours l’autre. La guerre des gangs, financée par les oligarchies locales et  internationales, ciblant particulièrement les masses haïtiennes souffrantes, est virtuellement évincée (dans les médias) par la guerre de l’eau à Ouanaminthe. Bientôt, vous ouvrirez d’autres fronts. Nous vous assurons que nous n’oublierons pas, car nos cicatrices nous aideront à nous en souvenir. Si vous vous sentez suffisamment armés pour rééditer le massacre de 1937 en provoquant davantage de morts, de blessés et d’expatriés que vous n’en avez déjà à votre actif, causant ainsi plus de souffrances inutiles à nos peuples, alors ,je dis “Bon Appétit !”. Cependant, nous savons que, dans cette guerre totale à laquelle Haïti doit faire face seule, nous serons notre propre libérateur. Les travaux de canalisation se poursuivront et affineront notre conscience, nous permettant de construire un pays en accord avec notre histoire et notre désir de sortir de la prison morale et économique dans laquelle nous sommes enfermés depuis l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines, notre Père fondateur.

Nous vous demandons instamment de mettre fin à vos dérives et de comprendre que si nous vous avons aidés à fonder la République dominicaine en 1844 en fournissant un soutien logistique, en utilisant notre influence diplomatique et en hébergeant des exilés, entre autres, il est grand temps que vous reconnaissiez et manifestiez votre gratitude envers Haïti. Nous avons souvent entendu dire qu’un pays n’a pas d’amis, mais seulement des intérêts. Cependant, nous vous encourageons à suivre l’exemple de pays tels que le Venezuela, la Bolivie, la Colombie, l’Équateur, le Pérou, le Guatemala et la Grèce qui ont reconnu l’importance de notre nation dans leur lutte pour l’indépendance.

Nous croyons en un avenir où nos deux nations pourront se débarrasser de leurs prédateurs et coexister pacifiquement, collaborer pour le bien-être de nos citoyens et travailler ensemble pour relever les défis communs qui se posent à nous en tant que voisins, dans une communauté internationale mettant au rebut ses préjugés.

Nous espérons que vous prendrez conscience de vos erreurs pour désamorcer la situation actuelle que vous avez contribué à créer. Nous tenons à rappeler qu’Haïti a toujours été à l’avant-garde de la lutte pour la liberté et n’a jamais reculé devant la voie de la dignité.

En vous remerciant de lire l’histoire avec beaucoup plus d’intelligence, sachez que nous ne vous saluons pas.

15/09/2023

Muscadin Jean-Yves Jason

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