Visite de Biden en Europe

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par Stratediplo

Ce 24 mars le président des États-Unis, Joe Biden, est en Europe pour rencontrer en personne ses alliés contre la Russie. Sauf erreur, il ne vient pas pour s’expliquer sur le programme étatsunien d’armes biologiques génétiquement discriminantes en Europe. L’objectif initial de sa visite ne devait être que symbolique, devant simplement manifester, pour le monde hors axe atlantico-uniopéen, la gravité de la situation et la détermination de l’axe. Mais un événement nouveau peut avoir donné cette nuit une orientation radicalement nouvelle à ses rencontres.

Le président Biden se rendra au siège de l’Alliance Atlantique. Là son rôle sera essentiellement d’affirmer la suprématie étatsunienne sur l’alliance. Il y sera personnellement pris à partie par la Pologne, à laquelle il confirmera que les États-Unis n’ont aucune intention d’engager face à la Russie plus que ce qu’ils ont actuellement en Europe. Un envoyé d’une autre carrure aurait peut-être également être chargé de faire comprendre que, sur le plan conventionnel et en dépit de ce que les dirigeants peuvent dicter à leur presse, la Russie a gagné la campagne d’Ukraine. Mais compte tenu de la personnalité, ou ce qui en reste, de Joe Biden, il n’est pas certain qu’on lui ait communiqué cette vérité qu’on veut garder secrète.

Joe Biden se réunira aussi avec les autres membres démissionnaires de l’ancien G8 (donc Japon inclus) pour les convaincre de tenter la même opération (http://stratediplo.blogspot.com/2015/08/fronde-au-sein-du-g8 ou encore http://stratediplo.blogspot.com/2019/08/rappel-sur-feu-le-g7) avec le G20, c’est-à-dire de proposer une rencontre de dix-neuf membres sans la Russie afin de faire croire au tiers-monde qu’elle en a été exclue. La Chine a déjà répondu hier à ce sujet, l’Inde restera non alignée mais le Brésil adoptera la même position que la Chine. Cela signifie que si les membres de l’axe atlantico-uniopéen ne participent plus au G20 il continuera de se réunir sans eux, et donc avec la Russie. Les États-Unis connaissent ces réponses mais soulever la question leur permet de la voir en première page dans tout le monde à l’ouest du rideau de presse, et donc de faire progresser l’idée que la Russie n’est qu’un pays moyen, et qu’ils sont la puissance qui dicte.

Enfin le président Biden sera reçu à l’Union européenne, vraisemblablement au Conseil des chefs d’État et de gouvernement. C’est là la plus importante réunion de la journée. Ses propos de ces derniers jours laissent entendre qu’il allait informer ses alliés (qui l’ont appris par la presse mais estiment mériter une visite en personne) des conditions dans lesquelles les États-Unis se permettraient d’asséner une frappe nucléaire contre la Russie, en Europe. Parmi les cas non exhaustifs il y a bien sûr l’utilisation en Ukraine d’armes chimiques, par qui que ce soit puisque les États-Unis ont certifié le démantèlement de l’armement chimique russe en 2017, ou d’armes biologiques, de quelque origine que ce soit puisque les États-Unis ont manifesté leur inquiétude que leurs recherches biologiques en Ukraine tombent aux mains de la Russie. Il n’y aurait plus eu qu’à procéder à cette utilisation d’armes de destruction massive, soit sur le terrain soit dans les agences de presse.

Mais il y a un élément nouveau, la Russie confrontée à une guerre totale vient de riposter hier, en annonçant que les pays qui ont pris des mesures économiques de guerre (illicites d’ailleurs) devraient désormais payer en rouble leurs importations de gaz et de pétrole russes. On reviendra prochainement sur cette décision capitale qui a vraisemblablement scellé la mondialisation du conflit ukrainien. Pour l’instant la Russie n’a pas, comme d’autres pays en d’autres temps (tous ensuite attaqués) déclaré qu’elle n’accepterait plus de paiements en dollars ou en euros, mais seulement de la part des pays qui ont saisi (volé) ses avoirs, entre autres hostilités.

La présence du président Biden en Europe est l’occasion idéale pour les États-Unis de convaincre ce 24 mars leurs alliés européens d’abandonner immédiatement les mesures économiques d’hostilité (faussement appelées sanctions) envers la Russie, pour qu’elle annule cette décision. Car déjà l’Arabie saoudite envisage désormais de vendre son pétrole en yuan remimbi. Si la bombe n’est pas désamorcée rapidement, la Chine peut déclarer la fin du dollar, auquel cas le monde entier suivra l’usine du monde, car le jour où elle n’acceptera plus de dollars en paiement de ses exportations le reste du monde n’aura plus besoin de dollars. Ce jour-là les États-Unis auront beau imprimer tant qu’ils voudront, ils ne pourront plus importer et c’en sera fini de leur free lunch. Ils ne l’accepteront pas et assèneront au monde une nouvelle frappe atomique pour réimposer le système qui leur permet de vivre aux crochets du monde productif.

En une phrase le gouvernement russe a totalement changé les rapports de force économiques. Cependant, même s’il était déjà dans la ligne de mire nucléaire des États-Unis, il vient d’en faire ôter la sécurité.

Les prochains développements possibles sont exposés dans le Onzième Coup de Minuit de l’Avant-Guerre, dont il reste quelques exemplaires sur https://www.lulu.com/stratediplo/le-onzième-coup.

source : Stratediplo

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