Les religieux haïtiens sonnent l’alarme le pays se meurt

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Par Lisa Zengarini

La Conférence Haïtienne des Religieux (CDH) a écrit une lettre ouverte au Président Moïse pour respecter la volonté du peuple et se retirer alors que le pays descend en enfer.

Les religieux et les religieuses d’Haïti réitèrent l’alarme soulevée par les évêques du pays il y a un peu plus d’un mois, dénonçant la situation « explosive » et insoutenable sous le Président Jovenel Moise, qui refuse de se retirer malgré la fin de son mandat. La Conférence Haïtienne des Religieux (CDH) a écrit une lettre ouverte mardi à Moise l’accusant de s’accrocher illégitimement au pouvoir contre la volonté du peuple. Il y a aussi eu des allégations de scandales et de corruption contre lui.

La CDH a publié cette lettre à l’occasion du 38e anniversaire de la visite du pape Jean-Paul II en Haïti. Le Pape, aujourd’hui Saint, s’est rendu en Haïti le 9 mars 1983.

Crise en Haïti

L’opposition d’Haïti prétend que le mandat de cinq ans de Moise a expiré le 7 février. Mais Moise a répété qu’il se termine en février 2022 puisqu’il n’a pas été assermenté avant 2017. Avant cela, un président provisoire a gouverné Haïti pendant un an après des élections chaotiques entachées d’allégations de fraude.

Moise a insisté pour qu’il démissionne en février 2022 et a appelé à la tenue d’élections législatives et présidentielles le 19 septembre, avec un second tour prévu pour le 21 novembre.

Les critiques accusent Moise d’avoir amassé plus de pouvoir ces derniers mois, notant qu’il avait déjà régné par décret présidentiel depuis qu’il avait dissous la majorité du parlement en janvier 2020 après avoir échoué à tenir des élections législatives en 2019 au milieu d’une impasse politique.

Aggravation de la situation socioéconomique

La crise politique s’inscrit dans un contexte de pauvreté et de maladie exacerbées, et l’avenir des personnes est de plus en plus incertain en cette période de pandémie de COVID-19. Selon la Banque mondiale, Haïti est le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental, avec un produit intérieur brut (PIB) par habitant de 797 USD et un indice de développement humain de 169 sur 189 pays en 2019. Soixante pour cent de la population vit sous le seuil de pauvreté, l’inflation est très élevée et il y a un manque de nourriture et de carburant.

Dans une lettre pastorale du 2 février, les évêques du pays ont déploré la montée de la violence, avec des escadrons de la mort qui, en toute impunité, répandent la terreur partout. « La vie quotidienne du peuple haïtien se réduit à la mort, aux meurtres, à l’impunité et à l’insécurité », a écrit la Conférence épiscopale haïtienne (CEH). « Le mécontentement est partout, dans presque toutes les régions ». La CEH déplore que le pays, totalement inhabitable, soit au bord de l’explosion.

Selon les religieux et les religieuses haïtiens, le “tableau sombre” décrit par les évêques s’est aggravé. “Aucune décision sérieuse n’a été prise pour soulager la souffrance du peuple ou pour le protéger de l’agression”, a déclaré la CDH dans la lettre ouverte à Moise. « La seule chose qui semble vous préoccuper, écrivait-on, c’est de remplir à tout prix votre soi-disant mandat, contre la demande légitime de tout un peuple. » « On se demande à quoi sert de s’accrocher au pouvoir, même de façon illégitime ou illégale, alors que plus de la moitié de la population vit dans des conditions d’insécurité alimentaire chronique? » La CDH a remis en question ses efforts pour prolonger son mandat à tout prix, sans pouvoir garantir la sécurité de la population. Il ne sert à rien d’avoir un président ou un gouvernement « incapable d’arrêter le train de la mort qui sème le deuil quotidien dans la population ».

L’appel au changement du pape Jean-Paul II

Dans leur lettre ouverte, les religieux et les religieuses d’Haïti ont rappelé que lors de sa visite en Haïti le 9 mars 1983, saint Pape Jean-Paul II avait appelé au changement. Trente-huit ans plus tard, la situation s’aggravait, déplorait la CDH. « Le pays est en train de mourir, la population est sous un joug, l’insécurité est endémique, les plus pauvres ne sont plus capables de subvenir à leurs besoins, la population est en plein désarroi et au bord du désespoir, le pays n’est plus gouverné », a déclaré le religieux. « Nous sommes témoins et victimes de trop de crimes, d’injustices et d’inégalités ». Qualifiant cela de « descente en enfer », a déclaré le religieux, la responsabilité incombe entièrement à Moise, qui « a le devoir de donner des réponses rapides et concrètes aux demandes du peuple, en commençant par le respect des lois du pays ».

source: https://www.vaticannews.va/en/church/news/2021-03/haiti-religious-open-letter-president-moise-resign.html

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