Haïti Se Dirige-t-il Vers une Farce Sécuritaire Avec une MMSS Édentée?

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By Patrick Prézeau Stephenson

L’annonce récente de Leslie Voltaire, membre du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), selon laquelle les forces de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS) dirigée par le Kenya n’engageront pas directement les gangs haïtiens, lors d’une interview accordée à France 24 le mardi 21 Mai, soulève de sérieuses préoccupations quant à l’efficacité de cette mission de sécurité [1,2]. Ajoutez à cela la nouvelle que le CPT a nommé un Conseil National de Sécurité (CNS) dont la composition reste inconnue, ainsi que les retards signalés dans l’acquisition d’équipements militaires essentiels, et il y a une incertitude croissante quant à la capacité de la mission MMSS à rétablir la stabilité en Haïti [3,4]. Cet essai explore si Haïti se dirige effectivement vers une MMSS édentée et les implications d’un tel développement.

Contexte et Défis

Haïti traverse une grave crise sécuritaire, avec des gangs contrôlant de larges portions de la capitale, Port-au-Prince. La Police Nationale d’Haïti (PNH) est débordée, et l’armée haïtienne, modérément équipée, lutte pour maintenir l’ordre. Le déploiement des forces MMSS dirigées par le Kenya, comprenant 2 500 soldats, était considéré comme une étape cruciale pour résoudre cette instabilité. Cependant, plusieurs développements récents menacent de saper l’efficacité de la mission.

Le Rôle Limité de la MMSS

La déclaration de Leslie Voltaire selon laquelle la MMSS n’engagera pas directement les gangs représente un écart significatif par rapport aux attentes initiales. Si les troupes de la MMSS ne doivent pas s’engager directement au combat, leur rôle pourrait être réduit à une capacité de soutien ou de conseil, ce qui pourrait ne pas suffire compte tenu de l’intensité de la violence des gangs. Cette approche pourrait rendre la mission MMSS moins percutante, la rendant effectivement édentée face à des factions criminelles bien armées et organisées.

1.    Limitations Stratégiques :

·        Sans engagement direct, les forces MMSS se concentreront probablement sur la formation, la logistique et le soutien stratégique. Bien que ces domaines soient critiques, ils ne répondent pas à la menace immédiate posée par les gangs.

·        Les forces kenyanes ont une expérience substantielle en contre-terrorisme, en particulier contre Al Shabaab. Cependant, cette expertise pourrait être sous-utilisée si elles ne sont pas autorisées à appliquer leurs compétences de combat directement dans le contexte volatile haïtien.

2.    Inefficacités Opérationnelles :

·        Le retard dans l’acquisition de véhicules blindés, d’hélicoptères et d’équipements de communication compromet davantage la préparation de la MMSS. Une guerre urbaine efficace et une réponse aux crises nécessitent des cadres logistiques et opérationnels robustes, actuellement insuffisants.

·        Le manque signalé de procédures d’évacuation médicale est particulièrement préoccupant, car il compromet la sécurité et le moral des troupes.

Le Rôle et la Composition du CNS

La création d’un Conseil National de Sécurité (CNS) par le CPT ajoute une autre couche de complexité. Le secret entourant sa composition soulève des questions sur sa légitimité et son efficacité. Le CNS est censé superviser les opérations de sécurité, mais sans clarté sur l’expertise et le mandat de ses membres, sa capacité à coordonner efficacement avec la MMSS et la PNH reste douteuse.

1.    Gouvernance et Coordination :

·        Le CNS doit être composé de membres ayant une expérience significative en matière de sécurité et de stratégie pour être efficace. Sa composition non divulguée pourrait indiquer des manœuvres politiques internes plutôt qu’un accent mis sur les besoins pratiques en matière de sécurité.

·        Une coordination efficace entre le CNS, la MMSS et la PNH est cruciale. Tout décalage pourrait entraîner des opérations fragmentées et une efficacité globale réduite.

2.    Implications Politiques :

·        La création du CNS pourrait être une tentative du CPT de conserver le contrôle politique des opérations de sécurité. Cependant, cela pourrait conduire à des conflits d’intérêts et entraver l’autonomie opérationnelle de la mission.

L’Impact des Retards et des Pénuries d’Équipements

Le rapport du Miami Herald sur les retards dans l’acquisition d’équipements militaires essentiels, tels que des véhicules blindés et des hélicoptères, complique davantage le déploiement de la MMSS. Ces retards suggèrent que la MMSS pourrait arriver en Haïti sans être pleinement opérationnelle, réduisant leur efficacité immédiate et augmentant le risque pour leur personnel.

1.    Déficiences Logistiques :

·        Sans les véhicules et les outils de communication nécessaires, les troupes de la MMSS feront face à des défis significatifs en termes de mobilité et de coordination. Cela peut limiter leur capacité à répondre rapidement aux urgences et à mener des opérations efficaces.

·        La position de l’administration Biden contre un déploiement sans procédures d’évacuation médicale adéquates souligne la gravité de ces lacunes logistiques.

2.    Préparation Opérationnelle :

·        L’efficacité de la mission MMSS repose fortement sur leur capacité à être pleinement opérationnelle dès le début. Les retards et les pénuries d’équipements compromettent cette préparation, prolongeant potentiellement le vide sécuritaire en Haïti.

Conclusion

La combinaison d’un rôle non-combatif pour la MMSS, la composition incertaine du CNS et les retards logistiques pointe vers une intervention internationale potentiellement inefficace en Haïti. La promesse initiale d’une force multinationale robuste capable de confronter directement la violence des gangs s’effrite sous ces développements.

Pour que la mission MMSS réussisse, il est impératif que :

  • La MMSS soit autorisée à engager directement les gangs, tirant parti de leur expertise en contre-terrorisme.
  • Le CNS soit composé de professionnels de la sécurité expérimentés avec des mandats clairs et transparents.
  • Les défis logistiques et opérationnels soient résolus rapidement pour assurer une pleine préparation opérationnelle dès le déploiement.

Sans résoudre ces questions critiques, Haïti risque de se diriger vers une intervention MMSS édentée, qui échouerait à rétablir la stabilité et la sécurité dans la nation. Le CPT et la communauté internationale doit agir de manière décisive pour soutenir une stratégie de sécurité globale et efficace pour Haïti.

Références

[1] Mackendy Filderice– Rédacteur Publié 21 mai 2024 https://netalkolemedia.com/la-pnh-prend-les-renes-de-la-mission-multinationale/

[2]https://vantbefinfo.com/le-deploiement-de-la-force-multinationale-en-haiti-leslie-voltaire-precise/

[3] Marcelin Montaigne, Ing.  Publié 19 mai 2024 https://rezonodwes.com/?p=333586#:~:text=Exemple%20d’Action%20%3A%20Le%20Kenya,’Al%2DShabaab%20en%20Europe.

[4] Tweet de la Note de Presse de la reunion du Conseil Présidentiel Transitoire sur la mise en place du Conseil National de Sécurité (CNS).

Conseil Présidentiel de Transition Haïti @cpthaiti

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