Allégorie de l’esclave affranchi

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Le 27 avril 1848, le décret sur l’abolition de l’esclavage a été signé. Ce texte interdit juridiquement l’esclavage. Mais, sommes-nous réellement libres ?

Les chaînes absentes de nos poignets sont toujours présentes dans notre inconscient. Car, nos entraves ont été remplacé par une cage encore plus avilissante. Bien que nos corps ne furent plus marqués au fouet, les stigmates demeurent dans notre esprit. Cette blessure ne cicatrise pas, car elle nous rappelle une douleur lancinante : Celle du souvenir de toutes les humiliations morales. Car, nous sommes encore esclaves de notre mémoire et de notre passé. Inconsciemment, nous sommes conditionnés à répéter ces souffrances, comme pour reproduire un jeu sadomasochiste, celui que nous faisions avec notre maître.

Mais, ceci n’est-il pas le summum de l’aliénation mentale ?

Avons-nous besoin d’avoir encore des fers aux pieds et aux poignets pour remarquer combien l’homme noir est encore asservi ?

Après vous avoir enlevé toute réminiscence de notre histoire, de nos cultures et de nos religions, on nous a octroyé le droit d’aller à l’école pour apprendre leur histoire, leur culture et leur langue.

Mais, ceci n’est-il pas un nouvel conditionnement ?

Nous étions l’argile qu’ils ont mis dans leur moule et maintenant nous sommes les vases qu’ils vendent et qui décorent leur environnement. Passant du statut d’animal à celui d’objet, telle est notre nouvelle condition humaine. Nul besoin d’œillères pour les non-voyants que nous sommes.

Pour contrôler le pur sang, ils ont juste posé une bride sur la tête du cheval pour que l’animal sauvage soit dompté, perdant ainsi, son énergie, sa fougue, sa liberté. D’esclaves abolis, nous sommes devenus des esclaves affranchis. Mais, l’esclavage physique a laissé place à un adversaire encore plus coriace et cruel. Cet adversaire, invisible, règne en maître dans notre subconscient et dirige d’une main de fer notre existence. Cette chimère polycéphale, principal obstacle à notre libération, s’appelle l’illusion, l’ignorance et le conditionnement. Pour la vaincre, nous devons puiser aux sources de notre histoire et accéder à la connaissance directe. C’est ainsi que la lumière chassera la brume de l’ignorance et que nous serons enfin libres.

Par Matthieu Grobli

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