La faim en Haïti faite aux États-Unis

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Par G. Dunkel

Les États-Unis sous le président asservi Thomas Jefferson ont imposé un blocus d’Haïti en 1806, qui a duré jusqu’en 1862. C’était la première d’une multitude de sanctions imposées par les États-Unis à Haïti, qui ont entravé, déformé et retardé son développement économique.

Le manque historique d’indépendance économique et de développement d’Haïti est la cause profonde de la crise de la faim en Haïti, où, selon le Programme alimentaire mondial des Nations Unies : « Un nombre record de 4,9 millions de personnes devraient souffrir de faim aiguë (Integrated Food Security Phase Classification 3 and above) en Haïti, soit près de la moitié du pays, dont 1,8 million de personnes en phase « d’urgence » (IPC4). »

Une femme de Cité Soleil, un quartier de Port-au-Prince de 100,000 personnes considéré comme le quartier le plus pauvre d’Haïti, a dit au Programme Alimentaire Mondial ce que la phase IPC4 signifiait pour elle personnellement. Lors d’une distribution de nourriture d’urgence à Cité Soleil, elle a dit au personnel du PAM : « Regardez mon ventre ; je n’ai pas mangé depuis deux jours. »

Haïti, selon le PAM, dépend des importations pour la moitié de la nourriture et 80% du riz qu’elle consomme, ce qui rend les prix alimentaires en Haïti fortement touchés par l’inflation mondiale. Une série de catastrophes naturelles au cours des deux dernières décennies – tempêtes violentes, inondations, glissements de terrain, sécheresse, tremblement de terre dévastateur qui a secoué le pays en 2010, l’ouragan Matthew de catégorie 4 et le tremblement de terre qui a dévasté les régions du sud du pays en août 2021 ont ajouté à la misère d’Haïti.

Mais bien avant ces catastrophes naturelles, les États-Unis ont fait deux interventions majeures qui ont freiné le développement économique d’Haïti.

Déclin des porcins et de l’industrie porcine

En 1981, il y a eu une épidémie de peste porcine en République dominicaine, qui s’est rapidement propagée à Haïti qui partage l’île d’Hispaniola avec la RD.

Le département de l’Agriculture des États-Unis et la Banque internationale de développement ont élaboré un plan exigeant que les agriculteurs haïtiens tuent tous les porcs du pays. Les agriculteurs haïtiens ont obtenu des porcs de remplacement qui n’étaient pas adaptés pour être cultivés dans des conditions locales — par exemple, ils avaient besoin de stylos qui étaient bien meilleurs que les agriculteurs avaient. Alors les porcs sont morts, et l’industrie porcine d’Haïti s’est effondrée quand le cochon créole a disparu, un autre impact délétère majeur sur le développement économique d’Haïti.

Riz – culture intérieure remplacée par des importations

Avant les années 1980, Haïti produisait tellement de riz, une culture qui fait partie intégrante de son patrimoine africain, qu’elle pouvait nourrir sa propre population tout en ayant assez d’argent pour l’exporter. Sous le règne des Duvalier, le père François et son fils Jean-Claude, en 1984, l’Agence des États-Unis pour le développement international a proposé un plan visant à abaisser les droits de douane sur les importations de riz, afin que les entreprises américaines puissent soutenir la concurrence.

Ils ont poussé à l’aide alimentaire pour mettre fin à la faim en Haïti, mais cette aide a inondé les marchés haïtiens, poussant les paysans haïtiens à la faillite. Cependant, le programme d’aide alimentaire a été très rentable pour les entreprises américaines, qui ont produit et transporté du riz en particulier.

Malgré toutes les turbulences qui ont suivi les bouleversements politiques, appelés « dechoukaj » par les Haïtiens, qui ont retiré Jean-Claude Duvalier, les producteurs de riz américains de Miami ont réussi à renforcer leur emprise en Haïti, qui est alors devenu leur quatrième marché en importance. En 2004, les exportations de riz vers Haïti s’élevaient à 80 millions de dollars.

La façon dont les États-Unis ont utilisé leur emprise politique et économique sur Haïti pour l’empêcher de produire le riz dont il a besoin a certainement eu une incidence sur l’économie d’Haïti.

Réponse des travailleurs

Il est difficile d’organiser des syndicats dans un pays où seulement 23 % des travailleurs ont un emploi stable. (statista.com) Organiser des manifestations de masse qui font sortir des dizaines de milliers de manifestants dans les rues est également devenu de plus en plus difficile, compte tenu de la tourmente politique de plus en plus meurtrière.

La société textile taïwanaise Everest Apparel Haïti S.A., qui est située dans le nouveau parc industriel Bill et Hilary Clinton parrainé dans le nord-est d’Haïti près de la frontière dominicaine, a attaqué les trois syndicats qui se sont organisés dans leurs usines.

Les syndicats ont répondu par des appels à deux grèves au ralenti les 23 et 28 mars, avec un avis donné au ministère du Travail et des Affaires sociales (Ministère des Affaires Sociales et du Travail-MAST) pour rendre ces ralentissements légaux.

posté le 31 mars 2023

source anglaise: workers.org/2023/03/70150

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