La France, 1825-2022, 197 ans, ça suffit, rendons-nous notre argent!

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       JOEL LEON

Pennsylvanie, USA 05/26/2022 – Si après la fondation de l’état d’Israël en 1948, l’occident l’avait boycotté et l’estropié d’une lourde dette de 150 millions de francs or (présente estimation : 15-115 billions), on n’aurait pas eu l’Israël que nous avons aujourd’hui.

Le « New York Times » vient d’offrir un gros cadeau à Haïti. De façon méthodique et scientifique, ces valeureux journalistes viennent de responsabiliser la « France Lumière et des Droits de l’Homme » des deux siècles de la débâcle économique et sociale d’Haïti.

Les Français ont saigné Haïti à blanc. Les cicatrices quotidiennes de la plus grande escroquerie internationale commise par l’occident sont visibles et exposées à la face du monde pour démontrer l’incapacité d’une race d’homme à se prendre en charge. Après avoir volé les 150 millions francs or, après la piraterie de la réserve d’or de la banque nationale pour l’exporter à New York, après le parachutage régulier des valets au pouvoir…la France et les Etats-Unis d’Amérique ne se contentaient pas seulement de ça, ils prennent un vilain plaisir à caricaturer Haïti comme « une entité chaotique ingouvernable », « l’exemple avilissant de l’autodétermination à ne pas suivre », ou tout simplement l’échec administratif de l’homme noir. Mais, « les faits sont têtus » et Hegel avait raison de dire que « la première fois l’histoire se répète comme tragédie, et la deuxième fois comme une farce ».

Comme Esaïe Jean-Baptiste, ami-collaborateur, avait titré son article : « Le temps lui a donné raison : le prêtre n’était pas fou ». Cette histoire qui se répète pour la deuxième fois, est très embarrassante pour la France. Jean Bertrand Aristide, quoiqu’on pense de lui, sera historiquement vu comme celui qui avait assez de couilles pour troubler le sommeil des prédateurs français. Il l’a payé au prix fort de l’humiliation et de l’exil.

Aujourd’hui, la France est dans son petit soulier. Le masque de civilisé est tombé et il n’y a personne pour le ramasser. Additionnellement, c’est aussi l’histoire de presque toute l’Europe, des pays comme : France, Angleterre, Portugal, Belgique, Italie, Espagne, Hollande, Germany…tous ces peuples jouissent présentement de ce niveau de vie élevé à partir de l’exploitation esclavagiste, au détriment des peuples africains, caribéens…

Le cas d’Haïti est exceptionnel et brutal. Car, la France avait mis un revolver sur la tempe du président Jean Pierre Boyer pour dédommager les anciens colons. Donc, lâchée par la doctrine de Monroe, Haïti capitulait, car la solidarité occidentale l’exigeait.

Toutefois, il faut retenir que la capitulation de Boyer était possible à partir des événements politiques locaux qui privaient le pays de l’unité nationale nécessaire pour repousser l’offensive coloniale, comme fit le roi Henry Christophe, en fusillant publiquement les émissaires de la France. Car, faisant face à une opposition de l’intérieur acharnée, ne pouvant se battre sur les deux fronts, Boyer fit le pire des choix. Il accepta d’obéir aux injonctions françaises afin de mater la rébellion politique. Cela a hypothéqué l’avenir de toute une nation !

Comme peuple, il faut apprendre à s’assumer, se responsabiliser, s’approprier, s’admettre…qualités et défauts. Bien quelquefois, la violence corrosive de l’opposition politique profite à l’étranger. Il s’en est servi de nos turpitudes, nos sanglantes divisions, notre haine implacable, notre tribalité infinie…pour atteindre leurs objectifs mercantiles, en se servant de nous, l’un contre l’autre. Diviser pour régner. C’est une déformation congénitale qu’il nous faut rapidement débarrasser, sinon, on n’ira nulle part. L’unité nationale doit être conservée à tout prix !

Nous sommes brutalement victimes de cette mentalité au cours des années 2003-2004. L’intransigeance de l’opposition et le retard d’Aristide d’entreprendre des démarches sincères pour se conférer au nom de la patrie commune, représentent les éléments clés qui permirent le boycottage du bicentenaire de l’indépendance nationale. Fils et filles de la même patrie, en dépit des divergences, voire des différences, il faut toujours prioriser l’intérêt national en tout temps.

Sinon, le valet Stanley Lucas ne trouverait d’occasion pour convaincre les hommes politiques de l’opposition à ne pas négocier avec le régime Lavalas, sous des prétextes fallacieux qui conduisirent à la deuxième occupation de la terre de Jean Jacques Dessalines et d’Anténor Firmin en moins d’une décennie.

Finalement, la France avait gagné. Elle a pu renverser Aristide par un kidnapping, depuis lors la revendication nationale « restitution/réparation » a été abandonnée. Il fallait attendre plus de 18 ans après, car la demande a été faite le 7 avril 2003, pour que cette affaire rebondisse encore une fois sur le plan international.

Il faut profiter de « New York Times » pour parler d’une seule langue, « La France, rendons-nous notre argent », 1825-2022, 197 ans ça suffit !

Jusqu’à présent, le début n’est pas mauvais. Car, le « Crédit Mutuel » dont le « Crédit Industriel et Commercial-CIC » est aujourd’hui une filiale, a déjà pris la disposition d’enquêter sur cette affaire, c’est une bonne chose. Mais, on peut se demander aussi, de quelle enquête parle-t-on ? Parce que le New York Times a déjà fait et conclut l’enquête.

Si le « Crédit Mutuel » entend vraiment protéger sa crédibilité institutionnelle, son label international et prendre sa distance avec son passé esclavagiste, qu’il commence par mettre en place des dispositions pour rembourser les milliards de dollars indécemment dérobés d’Haïti.

Haïti fait face à d’énormes difficultés économiques et sociales, si ce n’était pas cette escroquerie séculaire, le peuple haïtien aurait eu un niveau de vie beaucoup plus élevé. Donc, Haïti a trop attendu, il faut agir vite, car, des enfants meurent par absence d’hôpitaux, de médicaments, de nourritures, d’eau potable… « D’après l’etude recente d’une équipe internationale d’universitaires, si Haïti n’avait pas eu à indemniser ses anciens maîtres, son revenu par habitant en 2018 aurait été près de six fois plus élevé — et comparable à celui de la République Dominicaine voisine. » (New York Times)

Cette fois, il faut être prudent et vigilant pour que le gouvernement français ne s’embourbe pas dans des pratiques « black op », comme ce fut le cas en 2004, quand le président fut kidnappé « manu militari » par un commando lourdement armé et expédié au fin fond de l’Afrique. Même s’il faut admettre qu’aujourd’hui ce n’est plus un homme qui mène le combat pour la « Restitution/Réparation », c’est tout le peuple haïtien flanqué de l’opinion publique internationale. Sauf si le « Quai d’Orsay » déciderait d’éliminer les « whistleblowers » du New York Times, là c’est une autre affaire !

Joel Leon

source: Boukan News

Photo: www.newsmobile.in

Photo: Mauricio Lima for The New York Times

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