La France et ses alliés européens annoncent leur retrait militaire du Mali

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Par TRiboLAND avec Aljazeera

17/02/2022

La France et ses alliés dans une force européenne ont annoncé qu’ils commenceront à retirer leurs troupes du Mali après près de 10 ans de lutte contre une agitation armée.

Une déclaration signée par la France et ses alliés africains et européens et publiée jeudi a déclaré que « les multiples obstructions » du gouvernement militaire au pouvoir signifiaient que les conditions n’étaient plus en place pour opérer au Mali.

La décision s’applique à la fois à la force française de Barkhane au Sahel et à la force européenne de Takuba que Paris tentait de forger avec ses alliés.

« Les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel dans la lutte contre le terrorisme au Mali », a déclaré le communiqué.

Les alliés ont donc « décidé de commencer le retrait coordonné de leurs ressources militaires respectives consacrées à ces opérations sur le territoire malien ».

Le déploiement au Mali a été lourd de problèmes pour la France. Sur les 53 soldats tués dans sa mission de Barkhane en Afrique de l’Ouest, 48 sont morts au Mali.

La France a d’abord déployé des troupes contre les rebelles au Mali en 2013, mais la violence n’a jamais été complètement réprimée, et maintenant de nouvelles craintes ont émergé d’une poussée rebelle dans le Golfe de Guinée.

Cependant, même après le retrait du Mali, les alliés ont promis de rester engagés dans la lutte contre le « terrorisme » dans d’autres pays, dont le Niger.

« Ils ont néanmoins accepté de poursuivre leur action commune contre le terrorisme dans la région du Sahel, y compris au Niger et dans le golfe de Guinée », a déclaré le communiqué.

« Ils ont entamé des consultations politiques et militaires avec eux dans le but de définir les modalités de cette action commune d’ici juin 2022. »

Prochaines élections
L’annonce du retrait a eu lieu à un moment critique pour le Président Emmanuel Macron, quelques jours avant une déclaration tant attendue du Président qu’il se présentera pour un nouveau mandat aux élections d’avril.

Cela coïncide également avec le fait que Macron cherche à jouer un rôle de premier plan dans la diplomatie internationale alors qu’il presse la Russie de se désescalader dans l’impasse sur l’Ukraine.

La priorité de Macron est de s’assurer que tout retrait n’invite pas à des comparaisons avec le départ chaotique des États-Unis d’Afghanistan l’année dernière.

Macron a préparé mercredi le terrain pour l’annonce avec un dîner réunissant les dirigeants des principaux alliés de la France dans la région du Sahel – le Tchad, la Mauritanie et le Niger.

Les responsables du Mali et du Burkina Faso, qui ont également récemment subi un coup d’État, n’ont pas été invités à la réunion.

Au total, 25 000 soldats étrangers sont actuellement déployés dans la région du Sahel.

Ils comprennent environ 4300 soldats français, qui, en vertu d’une réduction annoncée l’an dernier, devraient tomber à environ 2500 en 2023, contre un sommet de 5400.

Les autres forces déployées au Mali sont la mission de maintien de la paix de l’ONU MINUSMA créée en 2013 et l’EUTM Mali, une mission de formation militaire de l’UE qui vise à améliorer la capacité de l’armée malienne à combattre les rebelles armés.

Déploiement en français
Environ 2400 soldats français sont déployés au Mali dans le cadre de l’opération de Barkhane ainsi que de la force européenne de Takuba mise en place en 2020, qui devait augmenter avec la réduction du déploiement français.

Selon une source française, qui a demandé à ne pas être identifié par son nom, même après le départ, la France fournira pendant un certain temps à la MINUSMA et à l’EUTM un appui aérien et médical.

Mais le retrait de Paris pourrait préparer le terrain pour que d’autres puissances européennes comme la Grande-Bretagne ou l’Allemagne abandonnent leur rôle dans les missions multinationales.

« Le départ de Barkhane et de Takuba crée un vide », a déclaré mercredi le président ivoirien Alassane Ouattara.

An NH90 Caiman military helicopter lands next to a temporary forward operating base (TFOB) during Operation Barkhane in Ndaki, Mali [File: Benoit Tessier/Reuters]
© Fourni par Al Jazeera
Un hélicoptère militaire NH90 Caiman atterrit à côté d’une base d’opérations avancée temporaire (FOOB) pendant l’opération Barkhane à Ndaki, Mali [Dossier : Benoit Tessier/Reuters]

Au Sahel et dans le golfe de Guinée, « les armées nationales devront faire face à des problèmes sur nos territoires nationaux, et c’est notre philosophie », a-t-il déclaré aux diffuseurs RFI et France 24.

Les relations entre la France et le Mali ont atteint de nouveaux creux après que le gouvernement militaire dirigé par Assimi Goita a refusé de s’en tenir à un calendrier pour un retour au pouvoir civil.

L’Occident accuse également le Mali d’avoir utilisé les services du groupe mercenaire russe Wagner, très controversé, pour renforcer sa position, ce qui donne à Moscou un nouveau pied dans la région.

« C’est une fin peu glorieuse à une intervention armée qui a commencé dans l’euphorie et qui se termine, neuf ans plus tard, sur un fond de crise entre le Mali et la France », a commenté le quotidien Le Monde.

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