Proche-Orient : L’« accord de paix » entre Israël et les Emirats arabes unis salué à l’étranger, rejeté par la Palestine et l’Iran

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Cet accord ferait d’Abou Dhabi la troisième capitale arabe à entretenir des relations avec Israël

20 Minutes avec AFP

Publié le 14/08/20 à 12h00 — Mis à jour le 14/08/20 à 19h20

Le président français Emmanuel Macron a salué ce vendredi soir « la décision courageuse des Émirats arabes unis » au lendemain d’un accord de normalisation des relations entre ce pays et Israël, négocié par les Etats-Unis.

« (Je) souhaite qu’elle contribue à l’établissement d’une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens », a poursuivi le chef de l’Etat français, en précisant l’avoir « dit au Président Trump, au Premier ministre Netanyahou et au Prince héritier Mohamed bin Zayed.

« Etat d’esprit nouveau »

Une fois signé, l’accord annoncé jeudi par le président américain Donald Trump, ferait d’Abou Dhabi la troisième capitale arabe seulement à suivre ce chemin depuis la création de l’Etat hébreu, après l’Égypte (1979) et la Jordanie (1994).

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’était déjà félicité jeudi de la « décision prise dans ce cadre » par l’Etat hébreu de « suspendre l’annexion de territoires palestiniens ». « L’état d’esprit nouveau dont témoignent ces annonces doit désormais permettre la reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens en vue de l’établissement de deux Etats dans le cadre du droit international et des paramètres agréés, qui est la seule option pour permettre une paix juste et durable dans la région », avait-il ajouté.

Dans le cadre de cet accord, Israël s’est engagé à « suspendre » l’annexion de nouveaux pans de la Cisjordanie occupée, selon les Emirats. Mais le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou ne l’a pas confirmé, loin de là : l’annexion de pans de ce territoire palestinien occupé est « reportée » mais Israël n’y a « pas renoncé », a-t-il précisé. Il a cependant salué « une nouvelle ère dans les relations entre Israël et le monde arabe ». « En 1979, (Menahem) Begin a signé la paix avec l’Egypte, en 1994 (Yitzhak) Rabin a signé avec la Jordanie et j’ai le mérite de signer en 2020 le troisième accord de paix avec un pays arabe », a-t-il souligné lors d’une allocution télévisée.

« Une étape audacieuse »

« La plupart des pays y verront une étape audacieuse pour parvenir une solution à deux Etats, donnant du temps aux négociations », a déclaré le ministre d’Etat émirati aux Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse, ajoutant que les deux pays allaient ouvrir des ambassades dans « pas longtemps ».

Mais pour le mouvement islamiste palestinien Hamas, cet accord « ne sert pas la cause palestinienne » et constitue un « chèque en blanc » pour la poursuite de « l’occupation » par Israël, a dénoncé le mouvement, au pouvoir dans la bande de Gaza. Même rejet de la part de l’Autorité palestinienne qui appelle à une « réunion d’urgence » de la Ligue arabe. « Les dirigeants palestiniens rejettent ce que les Emirats arabes unis ont fait. Il s’agit d’une trahison de Jérusalem et de la cause palestinienne », a indiqué dans un communiqué l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.

« Stupidité » et « trahison »

De son côté, le ministère iranien des Affaires étrangères a qualifié l’accord de « stupidité stratégique d’Abou Dhabi et de Tel-Aviv », ajoutant qu’il renforcerait « l’axe de résistance dans la région », en référence aux alliés de Téhéran au Moyen-Orient. Même colère en Turquie où le ministère turc des Affaires étrangères évoque « une trahison » des Emirats arabes unis. « Les Emirats arabes unis s’efforcent de présenter cela comme une sorte de sacrifice pour la Palestine, alors qu’ils trahissent la cause palestinienne pour servir leurs petits intérêts ».

En revanche, en Egypte, l’accord est salué. « J’apprécie les efforts des artisans de cet accord pour la prospérité et la stabilité de notre région », a tweeté le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, se félicitant d’« une étape » vers la « réalisation de la paix au Moyen-Orient ». L’Egypte est signataire, également sous la tutelle de Washington, du premier traité de paix avec l’Etat hébreu en 1979.

Sur le continent européen, aussi, on se félicite de l’état d’esprit qui a permis l’avancée vers une normalisation des relations entre les deux Etats comme à Paris, où l’on espère que « L’état d’esprit nouveau dont témoignent ces annonces doit désormais permettre la reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens en vue de l’établissement de deux Etats (…) ».

Idem au Royaume-Uni où le chef de la diplomatie britannique, Dominic Raab, salue « une étape historique qui voit la normalisation des relations entre deux grands amis du Royaume-Uni… A la fin, il n’y a pas de substitut pour des négociations directes entre les Palestiniens et Israël, seule solution pour parvenir à une solution à deux Etats et une paix durable ». Cet accord pourrait créer « une occasion pour les dirigeants israéliens et palestiniens de reprendre des négociations substantielles, débouchant sur une solution à deux Etats conformément aux résolutions onusiennes en la matière », a aussi affirmé le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

source: https://www.20minutes.fr/monde

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