L’Afrique ne permettra pas à la France de poursuivre son pillage

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par Motasem A Dalloul

En 1977, lorsque Djibouti a obtenu son indépendance après 115 ans d’occupation française brutale, l’ère du colonialisme européen en Afrique était presque terminée. Seules de petites enclaves occupées par l’Espagne et la Grande-Bretagne sont restées. 

Comme d’autres colonisateurs, la France n’avait pas quitté ses anciennes colonies avant de s’assurer qu’elle pouvait exploiter leurs richesses et maintenir une forme d’autorité sur elles et ainsi accéder à toutes sortes de ressources naturelles qui n’existent pas en Europe.

Dans le cadre d’une politique non officielle appelée «Francafrique», la France a maintenu des liens avec les politiciens et les fonctionnaires qu’elle a mis au pouvoir dans ses anciennes colonies après les mouvements d’indépendance des années 1950 et 1960. Cette politique s’étend également aux hommes d’affaires que la France a permis de créer des entreprises et de devenir des partenaires commerciaux au profit de leurs maîtres à Paris.

Pendant son époque coloniale, comme d’autres, la France a asservi ses sujets africains, tué des millions d’entre eux et vendu des millions d’autres à la traite négrière. La France impose sa langue et sa culture, et maintient les Africains analphabètes et pauvres. Avant de mettre fin à son colonialisme, elle a mis en place une nouvelle forme de contrôle, le colonialisme économique et politique. 

Au début du mois, deux analystes africains ont déclaré à la BBC que «le dossier historique [de la France] fournit un certain soutien à ces griefs. La domination coloniale française a établi des systèmes politiques conçus pour extraire des ressources précieuses tout en utilisant des stratégies répressives pour conserver le contrôle.» Ils ont également déclaré que la France «a forgé des accords de défense qui l’ont vu intervenir régulièrement militairement au nom de dirigeants pro-français impopulaires pour les maintenir au pouvoir». La France a complètement ignoré les gens dont elle avait volé la richesse. Ainsi, quand un dirigeant ambitieux a gravi les échelons et a appelé à donner une partie raisonnable de la richesse d’un pays à son peuple, il a été soit renversé, soit tué.

Depuis 1963, la France a assassiné plus de 22 présidents africains qui ont refusé son pouvoir colonial et tenté de redéfinir l’indépendance de leurs pays. Les services de renseignement français, soupçonnés de mener des coups d’État et des meurtres en Afrique, sont très bien connus des Africains.

À la suite du récent coup d’État au Niger, l’ancien Représentant permanent auprès de la Mission de l’Union africaine à Washington, le Dr Arikana Chihombori-Quao, du Zimbabwe, a expliqué : «Si vous êtes un président africain arrivant au pouvoir, on vous dit que tant que vous restez à l’écart des discussions concernant leur présence [française] et leur présence militaire dans le pays, la formation de vos militaires par la France, l’équipement de vos militaires par la France, Ne parlez pas des ressources naturelles dont les entreprises françaises ont le premier droit d’approbation, ne parlez pas et assurez-vous de continuer à déposer vos réserves bancaires auprès de la Banque centrale française. Si vous évitez ces régions, vous êtes libre de diriger votre pays comme bon vous semble

Le défunt président français Jacques Chirac a reconnu que «sans l’Afrique, la France tombera au rang de troisième puissance mondiale».

Dans un discours prononcé le 26 juillet 2007, le président français de l’époque, Nicolas, a déclaré : «Les coloniaux sont venus piller, aider, exploiter, prendre des ressources et des richesses qui ne leur appartenaient pas. Ils ont dépouillé les colonisés de leur personnalité, de leur liberté, de leurs terres et des fruits de leur labeur.»

Mais la France a continué à traiter l’Afrique de cette façon, tout en prétendant envoyer de l’aide, répandre la démocratie et défendre les Africains contre les attaques terroristes.

Cependant, elle ne s’attaque à aucun des problèmes de la population, y compris la violence, la pauvreté, le manque de possibilités économiques, les systèmes éducatifs et les infrastructures médiocres. Les pays d’Afrique de l’Ouest – qui étaient d’anciennes colonies françaises – sont les pays les plus pauvres du monde malgré le fait qu’ils sont les plus riches en ressources naturelles. La «démocratie» que Paris cherche à maintenir ici est la protection des dirigeants pro-français.

La détérioration continue de la sécurité dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest prouve que l’affirmation selon laquelle les forces défendent les pays africains contre le terrorisme n’est qu’un prétexte pour maintenir les pouvoirs militaires sur leur sol.

Après la vague de récents coups d’État, apparemment orchestrés par Paris, la France se sent confrontée à la perspective d’être mise à l’écart par les stratèges africains, qui cherchent d’autres partenaires. Selon un article de l’Economist Intelligence, «la France est pleinement consciente du potentiel économique à long terme de l’Afrique et de la menace commerciale que représentent les autres pays qui cherchent à établir leurs propres liens économiques et financiers avec le continent». 

L’ancien représentant de l’UA, M. Quao, a déclaré : «Il est incroyable qu’à ce jour, un pays comme le Niger puisse être le deuxième pays le plus pauvre au monde et que toutes ses ressources aillent en France… À tous les niveaux, c’est injuste, inacceptable et je ne sais pas comment les puissances occidentales s’endorment tous les jours en sachant le carnage, les ravages qu’elles causent en Afrique et en espérant que cela durera éternellement.»

Le Niger est devenu le dernier pays d’Afrique de l’Ouest où un dirigeant corrompu et pro-français a été évincé. Auparavant, le Burkina Faso, la Guinée, le Mali et le Tchad – toutes d’anciennes colonies françaises – évinçaient les dirigeants pro-français et chassaient les forces françaises de leurs terres. Cette tendance devrait se poursuivre et les Africains seront prudents lorsqu’ils traiteront avec de nouveaux partenaires afin de ne pas répéter la même erreur commise par leurs anciens colonisateurs.

Traduction SLT

source : Sam La Touch

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